L’ombre
Le metteur en scène, avec tous les acteurs et actrices, le caméraman et les autres techniciens, attendaient l’arrivée d’une « dame ». Le metteur en scène n’arrêtait pas de fumer une à une des cigarettes et les éteignait. Quelqu’un l’aborda pour lui dire : « Le producteur est en ligne. » Il se leva, énervé, et prit le répondeur. C’est la troisième fois que le producteur appelait « – Allô,oui…. »« – Santha est-elle arrivée ? »
« – Madame n’est pas encore venue, monsieur. Tout le monde est prêt sur le plateau. Dès que madame sera arrivée, le tournage commencera »
Je l’avais déjà dit. On n’aurait pas dû choisir cette gonzesse, mais vous m’avez pas écouté. Il est déjà 11h. Le temps qu’elle arrive, qu’elle finisse de se maquiller, et que le tournage commence…A six heures sonnantes, je doisvider mon portefeuille pour payer le plateau et les techniciens…Il ne me reste plus que ma femme, que je n’ai pas encore fait assigner chez le prêteur à gages. »
Apres s’être assuré que le téléphone a été raccroché, le metteur en scène s’éloigna. Finalement, lorsqu’ il fut presque midi, une limousine de marque étrangère arriva et Santha Devi en descendit. Sa maquilleuse, sa mère, sa coiffeuse etdeux de ses amies qui voulaient assister au tournage, en descendirent aussi. Se tournant vers le metteur en scène, Santha dit :
« – Désolée, je suis un peu en retard »
« – Ca ne fait rien » lui répondit-il, le sourire aux lèvres. Au moment où elle entra dans la cabine de maquillage, il regarda sa montre. A peine deux minutes ne s’écoulèrent que la maquilleuse de Santha Devi s’approcha dudirecteur de la production, qui était tout près du metteur en scène
« – Madame veut du jus. »
« – C’est prêt. Je sais parfaitement ce dont elle a besoin et quand elle en a besoin »
Tout en affirmant cela, il cria « Mani ! » Le garçon nommé Mani, apparut avec dans ses mains, un plateau, sur lequel était posé un verre de jus, puis entra dans la cabine de maquillage.
« La beauté duKannada, l’intouchable rose, la belle danseuse, la gracieuse princesse », tels étaient les surnoms donnés à Santha Devi par la presse. De plus, les admirateurs la surnommaient affectueusement « Anni » (belle-sœur). Elle jouait seulement avec les acteurs renommés des 3 langues : le tamoul, le kannada et le télougou. Les producteurs étaient déterminés à faire des films avec elle ou a attendre,jusqu’à l’obtention d’une réponse favorable de sa part. Le matin à Chennai, l’après-midi à Bangalore et la nuit à Hyderabad. Ainsi, Santha Devi était dans les airs. Dans le sud de l’Inde, hormis le Kerala, Santha était la créature de rêve de tous les jeunes. ‘Pourquoi ne pas lui donner
[Conférer] le titre de la ‘Déesse des rêves’ de la part des admirateurs’ suggéra un certain Ravichandran, dans lapartie ‘lecteurs’ d’un magazine. Tout en publiant la lettre, le rédacteur en chef ‘Thirai kuruvi’, y avait répondu : Volontiers. Désormais, notre magazine ne parlera de Santha Devi que sous le nom de ‘‘ la Déesse des rêves Ainsi ce titre s’ajouta à tous les autres titres.
Santha Devi était allongée sur un lit. Elle semblait quelque peu malade. Le médecin de famille, muni d’un sac en cuir etportant une veste, doit l’examiner et lui prescrire des médicaments, telle était la scène à tourner. Apres avoir expliqué la situation, le metteur en scène proposa de faire une répétition.
L’homme qui jouait le rôle du médecin, Gopalakrishnan, avait fait sa maîtrise. Pris de passion pour le cinéma, il suivit des cours de cinématographie à Londres. Il s’y connaissait à propos des acteurs de renomméemondiale. De temps en temps, le cinéma tamoul lui offrait le rôle du médecin, de l’avocat qui apparaît dans une seule scène, du proviseur, du préfet de police récompensant le héros pour son exploit en lui donnant la main. Gopolakrishanan était venu à 8h même ; il était en train de se maquiller. Lorsque Santha Devi sortit de sa cabine, il se hâta de se maquiller de nouveau avant de venir sur le…