Litterature et société
Littérature et Société – Julien Gal – 2nd11 8/02/2011 – 10 H
————————————————-
Renvoyé spécial
C
’est avec beaucoup d’émotion et un peu d’appréhension que Cheikh Fall, réfugié politique sénégalais vient passer un séjour à Nice, une ville qu’il visite pour la première fois et qui l’a déjà conquis. Emu donc de se retrouver devant deux classes d’élèves quilui rappellent son métier d’enseignant qu’il a exerce pendant huit ans dans son pays « Ca me rappelle les jours où j’étais devant mes élèves » dit-il une fois l’interview commencé. Une interview durant laquelle Cheikh rappellera son attachement à notre beau pays, qu’il l’accueilla le mardi 6 Mai 2009 à la maison des journalistes « Je suis francophone, je suis francophile, j’aime la France »,a-t-il répété plusieurs fois.
Aidé par Reporter Sans Frontière, c’est un véritable enfer qu’a vécu l’homme, une véritable humiliation qu’a subi le journaliste.
Journaliste, il ne l’a donc pas toujours été. C’est un beau jour de 1998 que Cheikh comprit le contact permanent qu’il avait avec la population en tant qu’enseignant. Il voyait donc autour de lui des personnes en grande difficulté, des femmesnotamment qui à cause de mauvaise infrastructures sanitaires accouchaient et décédaient ensuite. « J’ai été témoin de cela » nous clame alors le refugié en colère « J’ai décidé [alors] de faire avec passion mon métier de journaliste », poursuit il.
Avec passion oui, dans l’Observateur, pour la presse écrite ainsi qu’à la radio. Et ce sur des sujets sensibles, parfois lourds comme la santé, ledéveloppement social, l’aspect religieux dans le discours politique notamment les lobbies maraboutiques.
Les marabouts, le détournement de l’aide publique : des sujets sur lesquels Cheikh Fall n’hésitera pas à écrire des articles ou chroniques qui déplairont fortement au pouvoir. Des sujets brulants au Sénégal sur lesquels il écrit aujourd’hui un livre, la démocratie en sursis, à paraitreprochainement. Un livre qui n’effacera pas les blessures de Cheikh, blessures tant psychologique que physiques.
Des blessures qui ont commencé le jour où un homme s’est dirigé vers lui avec des barres de fer ; le jour où un groupe de dix personnes l’ont littéralement tabassé sauvagement et tout cela pour un papier dérangeant. Ce jour là Cheikh a réussi à s’enfuir, protégé par quatre boulangers quise trouvaient là au bon moment : « J’ai toujours les séquelles! » nous dit il.
Et comment ne pas le comprendre : quatre vingt quatorze jours hospitalisé sans savoir vraiment pourquoi « Je ne me rendais pas compte que j’avais pris des risques ».
Cheikh va alors décider dans un premier temps de ne pas s’exiler et de continuer à faire ses articles. Lui a donc décidé de continuer le combat, mais iln’était pas le seul : après lui avoir volé tout son matériel, on lui brulera sa maison (où vivait par ailleurs sa famille). Et là pour Cheikh Fall ce fût trop, il devait regarder la réalité en face, et fuir ! Une « réalité incontournable » qui l’amena jusqu’à sa terre d’accueil.
Malgré tout cela, Fall ne se considère pas comme un héro, car il a vu pire : « Je n’ai été le premier journaliste àêtre torturer au Sénégal, je ne serais pas le dernier à l’être » …
Depuis l’indépendance en 1960, le Sénégal est instable politiquement. Et même si cet évènement s’est déroulé sans guerre civile ni coups d’Etat le pouvoir reste tout de même détenu par un seul homme, en la personne d’Abdoulaye Wade.
Au Sénégal, de nombreux groupes de presse ont d’ailleurs été fermés par l’Etat. La propagande duprésident Wade fait que des journalistes sont maltraités de la sorte : avec d’un coté les leaders politiques et la police, et de l’autre l’armée avec le peuple. On enregistre les tortures des journalistes et on les diffuse « Ca fait l’effet d’une bombe au Sénégal » et puis on tue les épouses et les enfants. Et tout ceci dans le but de faire taire les journalistes.
Apres cela, nous pouvons…