L’islam et l’occident

septembre 19, 2018 Non Par admin

ISLAM ET OCCIDENT : ÒU EST LE CONFLIT?
par François Nicoullaud ?

La théorie du « choc des civilisations » Il est intéressant de voir, depuis la chute du Mur de Berlin et la désagrégation du Bloc soviétique la montée en puissance du thème du conflit entre « civilisations ». Comme si l’Europe et l’Amérique, une fois disparue la menace de l’URSS, avaient besoin de la stimulation d’une nouvellemenace pour justifier leur politique extérieure. C’est en 1993, deux ans après la dissolution de l’URSS que paraît dans la revue américaine « Foreign Affairs », l’article célèbre, qui se transformera ensuite en livre, du Professeur de Harvard, Samuel Huntington, sur le « Choc des civilisations ». La thèse de Samuel Huntington n’est pas totalement nouvelle. Elle dramatise et simplifie la classification descivilisations que Fernand Braudel, le grand historien de la Méditerranée, avait mise en valeur dans son ouvrage de 1987 : « Grammaire des civilisations ». Elle renoue avec une tradition ancienne de pessimisme quant à l’avenir de la civilisation occidentale. Nous y reviendrons. L’Islam comme menace principale En 2001 les attentats du 11 septembre amènent très évidemment à désigner, parmi toutes lescivilisations qui pourraient en principe menacer l’Occident : confucéenne, orthodoxe,
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ancien consul général à Bombay, ancien ambassadeur à Budapest et à Téhéran, Président de l’Association Français du Monde – ADFE.

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bouddhiste etc., l’Islam comme la première menace. Jusqu’alors, l’Islam était surtout l’affaire de l’Europe, méditerranéenne en première ligne, et de l’Europe en général.Avec l’effondrement des Twin Towers, c’est tout l’Occident qui se sent concerné. L’OTAN se déclare alors solidaire des Etats-Unis. En février 2002, une soixantaine d’intellectuels américains, dont Samuel Huntington, et aussi Francis Fukuyama, qui annonçait « la fin de l’Histoire » avec la chute du communisme, signent un manifeste de soutien à la guerre en Afghanistan, qu’ils présentent comme uneguerre juste, au nom de la défense des valeurs occidentales. Voilà l’une de ses phrases de conclusion : « nous disons solennellement qu’il est crucial pour notre nation et ses alliés de gagner cette guerre. Nous combattons pour nous défendre nous-mêmes, mais nous croyons aussi que nous combattons pour défendre ces principes universels des droits de l’homme et de la dignité humaine qui sont le plus belespoir de l’humanité. » Plusieurs années plus tard, notre Président de la République, parlant en septembre 2007 devant les ambassadeurs de France après avoir discuté de ces sujets avec le Président Bush au cours de ses vacances américaines, exprime la même préoccupation : « Les Français se demandent ce que la France peut faire face aux principaux défis auxquels le monde est confronté en ce début deXXIe siècle… – Premier défi, sans doute l’un des plus importants : comment prévenir une confrontation entre l’Islam et l’Occident. Ce n’est pas la peine d’employer la langue de bois : cette confrontation est voulue par les groupes extrémistes tels qu’Al Qaeda qui rêvent d’instaurer, de l’Indonésie au Nigéria, un khalifat rejetant toute ouverture, toute modernité, toute idée même de diversité. Sices forces devaient atteindre leur sinistre objectif, nul doute que le XXIe siècle serait pire encore que le précédent, pourtant marqué par un affrontement sans merci entre les idéologies ». Encore récemment, nous voyons notre gentille ministre Rama Yade s’exprimer dans la même veine par un article paru dans le Monde du 5 février dernier sur la défense du principe d’égalité des droits entre leshommes et les femmes : « Alors que la main des terroristes ne tremble pas lorsqu’il s’agit de tuer, le monde occidental, lui, tremblerait-il désormais quand il s’agit d’affirmer ses valeurs de liberté, de justice, de solidarité? « ….et plus loin, cette phrase terrible : « Nous sommes à un tournant civilisationnel. Ce sera eux ou nous ». Comment en sommes-nous arrivés là ?

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Penchons-nous…