Libre échange

décembre 5, 2018 Non Par admin

Mondialisation et (en) Afrique
Intervenants: Nicolas Bancel, Catherine Coquery-Vidrovitch, Adame Ba Konaré, Sandrine Lemaire et Dominique Wolton. DW: Le rôle de l’Afrique dans la mondialisation repose sur trois enjeux: maintenir les traditions, s’adapter à la modernité et maintenir les identités. Il faut donc qu’elle garde une position offensive pour préserver son terreau culturel : ce qui estpossible car ce sont 4 pays producteurs de coton qui sont responsables de l’échec de Cancun. Pour résister à la mondialisation, il faut que l’Afrique conserve ses deux aires linguistiques (française et anglaise) et développe ses industries culturelles, « marchandises » aux yeux des américains, « valeurs » aux yeux des français. ABK: La mondialisation est un terme galvaudé en Afrique. Pour lesAfricains, il existe des « mondialisateurs » et des « mondialisés » ; ce qui prédomine est la peur de la perte des identités culturelles et l’absence de temps pour dresser des défenses. Pour les enfants africains, la mondialisation, à l’image américaine, est la facilité ; elle joue sur l’éducation à l’africaine, avec ses spécificités, généralement confiée aux femmes. La tyrannie de la consommationgénère une perte des repères du passé. La stratégie de communication à adopter par l’Afrique pour se valoriser, passe par la défense du respect des aînés, du voisin et de l’hospitalité qui sont des valeurs délaissées dans les sociétés motrices de la mondialisation. CCV: La mondialisation dans l’Histoire : la mondialisation n’est pas un processus récent mais ce qui est nouveau c’est l’ampleur duphénomène. Le commerce de l’or, les traites négrières ont fait de l’Afrique un pôle émetteur de flux vers l’Ouest mais aussi, ce qui est souvent omis, vers l’Est. C’est la période de la colonisation jusqu’à la Seconde Guerre mondiale qui marque pour l’Afrique une période de rétractation sur son continent. Elle devient la périphérie privilégiée de l’ Europe. Les indépendances, la mise en place d’un systèmeéconomique global placent l’Afrique dans un dilemme entre l’accentuation des circuits globaux et l’accentuation des refus. La mondialisation du savoir : des réseaux d’universitaires africains généralement anglophones voient le jour mais ils doivent se battre contre la surcharge de travail et le manque de moyens matériels comme l’absence d’électricité, ce qui suscite une fuite des cerveaux vers lesEtats-Unis. Pourtant les universitaires sont des « passeurs » nécessaires à la survie des identités culturelles. SL La mondialisation est multiple mais surtout économique. Les pays industrialisés produisent un discours marginalisateur sur l’Afrique considérée « à la traîne », « hors », vivant un « hold up intellectuel  » car elle représente -2% de la part du commerce mondial. N’est-ce pas une façon dereproduire le discours colonial? On serait passé d’une « Afrique des ténèbres » à « l’Afrique marginale ». Or l’Afrique est réellement dans la mondialisation. On assiste donc à une recolonisation sournoise et plus collective : recolonisation des richesses naturelles, artistiques (world music), mode « ethnic ». Dans la mesure où il n’y a pas de réciprocité, il n’y a un danger celui que la culture la plusforte ingurgite la plus faible : « le python avale le lièvre » (parabole africaine).

Karine Ramondy.
Professeur, lycée C.de Gaulle 77, Longperrier

Réinventer la mondialisation: que veulent les africaines?
Intervenants: Fatou Sow, chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire de l’université de Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) et à l’université de Paris VII, Anne Hugon, maître deconférences à l’université de Grenoble, Aminata Diaw, professeur à l’université de cheikh Anta Diop de dakar ( Sénégal), Monique llboudo, professeur de droit et ministre des droits humains à Ouagadougou (Burkina Faso). A l’époque coloniale, les africaines ont été cantonnées à une identité domestique. A l’heure des indépendances, elles ont eu à convaincre de leur participation au développement :…