Lettre de voltaire à frédéric de prusse
TEXTE
Lettre de Frédéric de Prusse
Voltaire répond à une lettre très flatteuse dans laquelle Frédéric de Prusse exprime le désir d’entrer en relations épistolaires avec lui.
Souffrez que jevous dise qu’il n’y a point d’homme sur la terre qui ne doive des actions de grâces au soin que vous prenez de cultiver, par la saine philosophie, une âme née pour commander. Croyez qu’il n’y a eu devéritables bons rois que ceux qui ont commencé comme vous par s’instruire pour connaître les hommes, par aimer le vrai, par détester la persécution et la superstition. Il n’y à point de prince qui,en pensant ainsi, ne puisse ramener l’âge d’or dans ses états. Pourquoi si peu de rois recherchent ils cet avantage? Vous le sentez, monseigneur; c’est que presque tous songent plus à la royauté qu’àl’humanité; vous faites précisément le contraire. Soyez sûrs que si, un jour, le tumulte des affaires et la méchanceté des hommes n’altèrent point un si divin caractère, nous serez adoré de vos peupleset chéri du monde entier. Les philosophes dignes de ce nom voleront dans vos états, et comme les artisans célèbres viennent en foule dans le pays où leur art est plus favorisé, les hommes qui pensentviendront entourer votre trône.
Cirey, le 26 août 1736
Voltaire, correspondance.
Plan proposé :
Introduction :
Voltaire n’était pas seulement un philosophe du siècle deslumières, auteur de nombreux contes philosophiques, c’est aussi un épistolier. Il aurait envoyé près de 850 lettres à Frédéric de Prusse mais ce n’était pas son seul correspondant, nous savons qu’il estl’auteur de nombreuses lettres politiques, philosophiques et intimes. Pour nous situer d’un point de vue historique, nous dirons que dès 1736, le prince royal, Frédéric de Prusse souhaite devenir ledisciple du philosophe, dès lors Voltaire décide d’avoir avec le prince une correspondance de manière à faire valoir son personnage public dans le domaine de la philosophie. Une correspondance…