Lettre 48; les liasons dangereuses de laclos

septembre 29, 2018 Non Par admin

Contexte :

Objet d’étude : Convaincre, persuader, délibérer

Genre littéraire : Epistolaire

Type de sujet : Commentaire littéraire

Texte étudié : Les Liaisons dangereuses, Lettre XLVIII.

Auteur : Pierre Choderlos de Laclos (1741, 1803)
Le plan détaillé du commentaire :

I. Les mouvements de la passion et leur défense

Une lettre illustrant les mouvements de la passion et ladéfendant : deux moments dans la lettre qui font écho au moment d’euphorie et d’abattement caractéristiques de la passion amoureuse, reflet de deux philosophies de vie.

A. Ecrire le trouble (avant l’amour)

* Valmont cherche à impliquer la destinataire de la lettre.

– Omniprésence d’un « je » à un « vous »

– Les apostrophes (« Madame », répété trois fois)

– L’utilisation de l’impératif :« Croyez-moi », « pardonnez »

– Le ton de supplication, de prière : « je vous en supplie ».

Phrases interrogatives : « ne puis-je donc espérer que vous partagerez quelque jour le trouble que j’éprouve en ce moment ? ».

* Les excès de sa passion :

– Les adverbes pour intensifier « entier anéantissement », « plus que jamais », « entièrement insensible », « m’abandonner entièrement », «jamais tant », « jamais », « tout », « si douce », « si vive ».

– Des phrases exclamatives et des exclamations : « Quoi ! », « combien elle va s’embellir à mes yeux/ j’aurai tracé sur elle le serment de vous aimer toujours ! ».

– Asyndète : qui mime les sentiments qui se bousculent en lui et leur incohérence : il donne l’impression d’être le jouet de ses sentiments et se sert de son désirphysique ponctuel pour mieux mimer les désordres amoureux.

B. Mimer l’abattement (après l’amour)

Retour au calme et pour cause ! L’énonciateur feint l’abattement de l’amour déçu et malheureux et la culpabilité de se laisser emporter dans les tourbillons des passions.

– Une deuxième partie sous le signe de l’absence, de la souffrance et de la privation : « a fui », « privations cruelles », «regret », « privé », « peine », « douloureuse image ».

Question rhétorique : « A quoi me sert-il de vous parler de mes sentiments, si je cherche en vain les moyens de vous convaincre ? »

– Une partie plus dans le raisonnement et moins dans le sentiment ce que suggère l’utilisation des connecteurs logiques : « cependant » (deux fois), « mais ».

– Lexique du respect : « respectueux », «offenser », « vertu ».

Cette partie du texte est un aveu de sa faiblesse, ce qui lui doit lui donner l’impression de dominer et donc doit l’amener à moins se méfier. Valmont feint de se repentir de s’être laissé emporter par ses sentiments dans la première partie et souligne sa souffrance due à un amour malheureux (car non partagé) et lui assure tout son respect. En fin psychologue, Valmont traceces deux étapes dans sa lettre pour que le débordement de sa passion soit « accepté » grâce à la deuxième partie qui permet à la présidente de Tourvel de ne pas s’offenser. Ainsi, petit à petit, il arrive à lui faire part de ses sentiments sans qu’elle refuse de le lire (il dépasse les limites, s’en excuse en reculant de quelques pas, ce qui n’en imprime pas moins les sentiments de la premièrepartie dans l’esprit fragilisé de Mme de Tourvel).

C. Une réflexion sur le bonheur

Une vision archétypale de deux modèles philosophiques et de deux modes de vie

– Ce qui sous-tend le discours de Valmont est l’opposition entre deux modèles philosophiques bien connus même s’il sont quelque peu caricaturés : Stoïcisme et Epicurisme : le stoïcisme prône une forme de bonheur marquée parl’absence de trouble (ataraxie), pas de sentiments excessifs, une apathie de l’âme. La vision courante de l’Epicurisme (la philosophie est en fait plus complexe) est de jouir de la vie, le fameux « carpe diem ».

– Opposition : « froide tranquillité », « sommeil de l’âme », « image de la mort », « rigueurs désolantes »/ « passions actives », « abandonner », « entièrement », « délire », « désespoir »…