Les violences envers les femmes

janvier 4, 2019 Non Par admin

LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES

Introduction 1. Voici quarante ans 1 , le pape Jean XXIII mentionnait parmi les «signes des temps», caractéristiques d’une humanité en progrès, « l’entrée de la femme dans la vie publique». «De plus en plus consciente de sa dignité humaine, la femme n’admet plus d’être considérée comme un instrument; elle exige qu’on la traite comme une personne aussi bien aufoyer que dans la vie publique 2 .» À l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici, il nous faut cependant regarder ce que nous refusons souvent de voir. Dans une société marquée par une violence croissante, les femmes se situent majoritairement parmi les victimes de cette violence. 2. Depuis la nuit des temps, sauf exceptions, lafemme bénéficie, dans son rôle de «mère», d’un respect qui confine à la vénération. Mais, en contraste, e1le est trop souvent maltraitée dans son milieu familial (menaces humiliations, coups et blessures, insultes, incestes, viol conjugal, mutilations sexuelles 3 ) comme dans la vie publique (agressions, pressions psychologiques, harcèlement sexuel, tourisme sexuel, prostitution – égalementenfantine). Sans oublier les violences et abus qui s’opèrent dans les prisons ou dans le cadre des conflits et des guerres: les femmes sont souvent les premières victimes, y compris sous la forme abjecte du viol considéré comme arme de guerre. Ces violences commencent par la violence du regard : le regard appuyé, le regard qui déshabille… La pornographie et une certaine publicité considèrent et exploitentle corps de la femme comme un pur objet de jouissance, un objet de consommation. Elles confortent le machisme et influencent pour une part la criminalité sexuelle et la culture du viol. 3. C’est bien pour protester contre l’oppression masculine et les viols collectifs dont elles sont l’objet que des femmes et des jeunes filles de la banlieue parisienne ont lancé, au début de l’an 2003, lapremière marche des femmes: elles refusent de raser les murs, de se taire et veulent échapper au statut de proie sexuelle. Jusqu’à quand notre société supportera-t-elle ces innombrables actes de violence ? Jusqu’à quand ces victimes seront-elles abandonnées à leur souffrance, réduites au silence, spoliées dans leur désir de vivre ? Pourquoi les femmes sont-elles presque toujours la cible de ceshumiliations ? Est-ce leur vulnérabilité plus grande qui porte des hommes à abuser de leur force ? Est-ce une culture encore fortement marquée par le machisme ? Cette violence qui meurtrit et détruit les femmes depuis la nuit des temps est loin d’être éradiquée.

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Commission sociale des évêques de France, pour rédiger cette Déclaration, a demandé la collaboration de personnes et organisations engagéesdans la lutte contre les violences faites aux femmes et de divers experts (psychanalyste, bibliste, moraliste). La présente déclaration engage la Commission sociale en tant que telle. 2 JEAN XXIII, encyclique Pacem in terris, n° 41, 1963. 3 La revue Mission des O. P. M. d’Aix-la-chapelle (n° 7, 2003) publie un article sur «La mutilation génitale. Défi pastoral pour l’Église africaine». Centtrente millions de femmes sont excisées dans le monde entier auxquelles viennent s’ajouter, chaque année, six millions de nouvelles victimes. Dans son message du 1er janvier 1998, le pape Jean-Paul II affirme fermement qu’il faut «rejeter les critiques de ceux qui essaient d’exploiter l’argument de la spécificité culturelle pour couvrir les violations des droits humains. . . » (La Documentationcatholique, n° 2195, 3 janvier 1999).

De ces différentes formes de violences faites aux femmes, nous n’allons retenir que deux exemples qui suscitent peu de réactions et dont on parle peu: il s’agit des violences faites aux femmes dans le cadre familial et conjugal et de la violence de la prostitution. En attirant l’attention sur ces faits, gardons- nous de généraliser la victimisation féminine et…