Les méthodes d’apprentissages
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Théories de l’apprentissage et pratiques d’enseignement
Gérard Barnier, formateur, IUFM d’Aix-Marseille
Cette conférence traite de la psychologie des apprentissages comme d’une discipline ressource fournissant
outils, concepts et modèles pouvant aider l’enseignant dans la mise en place de situations d’enseignementapprentissage.
Après avoir évoqué le modèle transmissif d’enseignement, 3grands cadres théoriques constitutifs
de la psychologie des apprentissages seront présentés à partir de quelques uns des concepts qui les
caractérisent : behaviorisme (Watson, Skinner, …) ; constructivisme (Piaget, …) ; socioconstructivisme
(Vygotski, Bruner, …).
1. Introduction
1.1. La psychologie, discipline ressource
Depuis des décennies, les théories psychologiques fournissent résultatset concepts qui contribuent
au renouvellement des méthodes d’enseignement et des pratiques d’apprentissage. Mais ceci ne
signifie pas que la psychologie doit dire aux enseignants comment enseigner. Il n’y a pas de relation
de cause à effet entre les théories psychologiques et les pratiques d’enseignement : les discours des
Sciences de l’éducation ne sont pas normatifs à l’égard des pratiquesd’enseignement.
Je dois donc lever une première ambiguïté quant au titre de cette conférence : il ne
sous-entend pas que les théories de l’apprentissage sont prescriptives à l’égard des
pratiques enseignantes. Il faut davantage voir la psychologie comme une discipline
ressource fournissant outils, concepts et modèles susceptibles d’aider l’enseignant à
mieux gérer sa pratique professionnelle enlui permettant notamment de davantage
prendre conscience des manières dont les élèves s’y prennent pour apprendre. Ceci
aiderait à développer la part de l’ingénieur dans le travail de l’enseignant en lui
donnant une base plus solide.
1.2. L’enseignant : ingénieur, artisan et bricoleur
L’enseignant est à la fois un ingénieur et un artisan. Je serai également tenté d’ajouter « et un
bricoleur», si ce terme n’avait pas, à tort, une connotation péjorative qui s’y rattache. Il y a par
exemple de très belles pages dans la « Pensée sauvage » de Cl. Lévi-Strauss sur les modes de
pensée, les savoir-faire et les logiques à l’oeuvre chez l’ingénieur d’un côté et le bricoleur de l’autre.
A l’image de l’ingénieur, il élabore des projets, des plans d’action, prépare minutieusement lesséquences, pense à l’avance le déroulement des activités, organise des progressions, propose aux
élèves des stratégies de contournement des difficultés, etc. Du point de vue de l’enseignantingénieur,
il faudrait que tout se déroule conformément à ce qui a été prévu. On parle d’ailleurs
beaucoup aujourd’hui à ce sujet d’ingénierie pédagogique.
En même temps, il oeuvre en artisan, voire en bricoleur, dansun univers relativement clos (la
classe), se débrouille avec les moyens du bord en saisissant les opportunités du moment. Il « pense
concret », il réfléchir en action et sait réagir en situation de classe et du coup il a parfois du mal à
prendre une vision d’ensemble de sa pratique.
1.3. Pourquoi s’intéresser à la psychologie des apprentissages
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Je vois au moins trois raisons pour qu’unenseignant s’intéresse à la psychologie des apprentissages :
1.3.1. La première a trait aux choix pédagogiques de l’enseignant
Les textes officiels précisent que le professeur dispose d’une certaine autonomie dans ses choix
pédagogiques. Mais il faut se donner les moyens de faire réellement des choix.
1.3.2. La deuxième concerne l’enseignant en tant que décideur
La complexité des situationsauxquelles l’enseignant est confronté le conduit à prendre des
décisions sans que les raisons de ces décisions soient toujours bien claires. La classe est un lieu de
forte incertitude et les problèmes qui se posent ne sont pas toujours formulables d’une manière
suffisamment opérationnelle pour que des solutions satisfaisantes soient immédiatement
envisageables. Réduire cette incertitude….