Les fables sont- elles pour les enfants?

novembre 15, 2018 Non Par admin

Introduction :
( chapeau ) Nous avons tous en tête des fables de La Fontaine apprises à l’école primaire : « La Cigale et la Fourmi », « Le Corbeau et le Renard », « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf »…Mais, après quelques années d’oubli, en classe de première, les programmes les rappellent à notre souvenir : en effet, quel meilleur exemple de l’apologue que les Fablesde La Fontaine ? Et pourtant, si Rousseau revivait de nos jours, il interdirait formellement à son Emile l’accès à nos classes : ( problématique ) »Emile n’apprendra jamais rien par cœur, pas même des fables, pas même celles de La Fontaine »…Tout au plus s’est- il permis de les lire lui- même, mais « avec choix…car [ il ] espère ne pas [ se ] tromper sur leur objet « . Que faut- il penser alors ?( plan ) Les fables seraient- elles nuisibles aux enfants ? Seraient- elles réservées aux seuls adultes ? Il faudra certainement nuancer le propos de Rousseau, en accordant que les fables ont bien des attraits pour les petits et qu’il suffit de les manier avec discernement.

( Thèse : on peut avec Rousseau déconseiller les fables aux enfants )
Difficulté
Tout d’abord,, les fables sontd’un accès difficile. Nombre de fabulistes utilisent des mots de vocabulaire difficiles ou des figures de style que l’enfant ne comprendra pas, or un jeune n’écoutera pas jusqu’à la fin une histoire dont il ne saisit pas le sens donc l’intérêt. On le voit bien dans « Le Pouvoir des fables », le parleur est désigné par les termes « orateur », « harangueur » et le peuple par des périphrases tellesque « animal aux têtes frivoles », « figures violentes ». L’enfant ne fera pas le lien entre les substituts et les référents. De plus, dans « La Colombe et la Fourmi » ( La Fontaine ), le vocabulaire n’est pas adapté à un enfant d’aujourd’hui. Le paysan y est désigné par le mot « croquant » et la colombe par la périphrase « oiseau de Vénus », à la fin du texte, on découvre le nom d’une anciennemonnaie athénienne : l’ « obole ». Un enfant ne possède pas assez de culture pour comprendre cela, il perdra donc le sens de l’histoire et passera à côté du précepte !
Enfin, les morales implicites peuvent ne pas être comprises. Il peut ne pas faire suffisamment attention aux éléments qui permettent de déduire l’enseignement. Quand on ne dit pas la vérité nue aux enfants, ils risquent de selaisser bercer par l’histoire et ils ne chercheront pas à comprendre la visée réelle. Dans « Le Loup, la Louve et les Louveteaux » une famille de loups se fait tuer par un homme sans aucune raison avouée. Le petit ne comprendra pas que la morale consiste à dire que la cruauté est si banale que plus personne n’y fait attention même pas le journaliste dont le métier est bien d’analyser les faits. Il enest de même dans « La Cigale et la Fourmi » où l’on peut dire que la morale reste ouverte, difficilement compréhensible car l’enfant ne peut s’identifier à la cigale imprévoyante, réduite à la mendicité. Il peut cependant critiquer la pingrerie de la Fourmi…Bref, quel parti doit- on prendre dans la vie ? Impossible de le savoir puisque le fabuliste attribue à toutes des défauts. Puis, le faitque la cigale symbolise le monde artistique, la liberté du créateur tandis que la fourmi représente l’âpreté du banquier est tout simplement indécodable pour l’enfant.
Une vision souvent pessimiste
( idée + exemples commentés ) Ensuite, il faut concéder à Rousseau le fait que les fables présentent souvent une vision pessimiste de la vie, dans ce monde, les Animaux contractent une maladie quiles décime, le Loup a faim, le Chien est privé de liberté et porte les marques du collier de la servitude…J. Anouilh qui écrivit lui aussi des fables au XXème siècle, constate lui aussi que l’image du monde qu’offrent ses histoires est frappée par le pessimisme : on y voit que « L’amour n’est jamais partagé ». Cette noirceur peut accabler les petits, elle peut, de surcroît les décourager…