Les dernières heures de laurent gbagbo

décembre 25, 2018 Non Par admin

26/04/2011 à 09h:07 Par Christophe Boisbouvier

L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, lors de son arrestation, le 11 avril 2011 à Abidjan.

Les dernières heures d’un président
Isolé, encerclé, épuisé et affamé, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo s’est montré pugnace jusqu’au bout, n’hésitant pas à ordonner le bombardement de la résidence de l’ambassadeur de France. Deux semainesaprès sa chute, récit d’une capture obtenue de haute lutte. Premières images après sa capture. Laurent Gbagbo a l’air hébété. Il ne semble pas comprendre ce qui lui arrive. Et pour cause. Jusqu’au dernier moment, il a cru qu’il pourrait renverser la partie. Jeudi 7 avril, Alassane Ouattara décrète le blocus de sa résidence. Vendredi 8 avril, sa réplique est foudroyante?: sept obus et trois roquettess’abattent sur la résidence de l’ambassadeur de France, qui jouxte la sienne. Pas de blessés. Samedi 9 avril, Laurent Gbagbo va plus loin. Il ordonne l’attaque du Golf Hôtel, le QG de son adversaire. Une heure de bombardements au mortier, à partir de sa propre résidence?! Une heure de panique dans le camp Ouattara. Au total, plus de peur que de mal. Mais la preuve est faite que les frappes del’Onuci et de la force française Licorne, le 4 avril, n’ont pas suffi. Le camp Gbagbo a mis des armes lourdes à l’abri. Il reste fort. Main dans la main Mieux, il réussit à renforcer son dispositif de défense. À Cocody, les pilotes d’hélicoptère de l’Onuci en reconnaissance constatent avec effarement qu’une soixantaine de blindés et de pick- up sont venus des camps militaires d’Agban et d’Akouédo pourprotéger la résidence. Désormais, il y a là trois fois plus de moyens qu’avant les frappes du 4 avril?! À la manœuvre, le général Dogbo Blé, le chef des Bérets rouges de la garde républicaine. En octobre 2000, c’est lui qui avait retourné une partie de l’armée contre le général Gueï. Même région natale, mêmes combats… Dogbo Blé et Gbagbo sont main dans la main. Le militaire est à la présidence, auPlateau. Le politique à la résidence, à Cocody. Ils sont en liaison permanente. Un modèle?: Idriss Déby Itno. En février 2008, le président tchadien avait retourné in extremis la situation, à 500 m de son palais. Ce samedi 9 avril, ils y croient encore…

Source : Jeune Afrique

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Le même soir, branle-bas de combat dans le camp Ouattara. L’attaque du Golf Hôtel en a sonné plus d’un. Lecamp Gbagbo relève la tête. Il faut la couper tout de suite, sans quoi… Alassane Ouattara est au Golf et Guillaume Soro au « corridor de Gesco », à l’entrée nord d’Abidjan. Il campe avec ses hommes à la belle étoile ou, au mieux, dans une auberge villageoise. Soro presse Ouattara de demander à l’ONU et à la France une deuxième série de frappes sur les armes lourdes de Gbagbo. Alassane Ouattaracontacte Paris et New York. A priori, pas de problème. Comme le lundi 4, l’opération peut être couverte par la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l’ONU. « La décision a été difficile à prendre, confie un diplomate français. Cette fois-ci, on avait une obligation de résultat. » Sous-entendu?: si les frappes ne réussissaient pas, le camp Gbagbo pouvait gagner la bataille. Nicolas Sarkozy hésite.Mais un argument le convainc. C’est le précédent Kaddafi. Il y a deux mois, tout le monde le croyait fini. Il tient toujours. Pas question de laisser s’enliser le conflit ivoirien, avec le risque de voir surgir des règlements de comptes ethniques. « Bouffé du lion » Le dimanche 10 avril en début d’après- midi, le compte à rebours est lancé. Les premières frappes auront lieu à 16?h?45. Toute la nuitprécédente, les hélicoptères de Licorne ont tourné au-dessus de Cocody pour identifier une à une les armes lourdes du camp Gbagbo. Le QG de l’Onuci, au nord du Plateau, est visé par des tirs. Dans son bunker, Choi Young- jin, son patron, bout d’impatience. « Les jours précédents, il était prudent. Mais, ce dimanche, il a bouffé du lion », raconte un témoin. À l’heure dite, les deux MI-24 de…