Les conventions au théatre

décembre 13, 2018 Non Par admin

Le témoignage de Dominique FRIARD, infirmier, soulève la question de la première toilette qu’il a réalisée. L’auteur expose ici son expérience personnelle, son propre vécu et sa propre perception de ce moment qui pose chez chaque étudiant en soins infirmiers la première pierre de son parcours professionnel.

Il s’agit d’un moment qui marque, une sorte de voyage dans une contrée inconnue, cedont Dominique FRIARD témoigne en disant : « J’apprenais le pays du corps du Père Philippeau. ».
Cette métaphore de l’autre dans sa dimension corporelle comme d’un pays étranger n’est pas nouvelle. Ainsi, dans La toilette : une histoire d’eau, de sens et d’âme, l’auteur considère que « […] la toilette, c’est désirer explorer la zone frontalière entre l’autre et soi ».
Le pays étranger n’est doncpas seulement constitué par la dimension corporelle de l’autre mais aussi par sa dimension singulière – l’autre en tant qu’individu et sujet, avec sa réalité intime particulière, dans ses composantes psychologique, spirituelle, sociale, etc.… – et cette dimension singulière n’est jamais totalement accessible par autrui.

Ce témoignage pose donc la question de l’altérité, du rapport à l’autretant dans sa dimension corporelle que singulière.
Or, la toilette exige de ses acteurs une relation particulière ; en effet, la toilette est un soin d’hygiène, mais également de bien-être et de confort, qui implique une relation entre le soigné et le soignant tout à fait unique.
Le soigné – ici une personne âgée – a besoin de l’assistance du soignant pour réaliser ses soins quotidiens.Implicitement, il est donc ici question de dépendance du soigné vis à vis du soignant, et de la vulnérabilité que celle-ci entraîne. Parce qu’il prend soin d’une personne dépendante et vulnérable, le soignant se trouve confronté à la question du respect de la dignité, de l’autonomie, de l’intimité et de la pudeur.

Ce témoignage fait référence à une situation tout à fait particulière dans laquelletout soignant peut, en se souvenant de ses premiers soins de confort et de bien être, se reconnaître peu ou prou.
En raison de son inexpérience et de sa jeunesse, l’élève infirmier, c’est-à-dire Dominique FRIARD, témoigne de sa propre vulnérabilité lorsqu’il a fait face pour la première fois au « soin difficile » qu’est la toilette.

Dès lors, se pose la question du rapport entre les enjeux de cesoin, ciblés par les concepts que nous allons approfondir, et sa réalité pratique, telle qu’elle a pu être perçue par Dominique FRIARD et son patient.
Il nous a donc semblé que l’intérêt de ce témoignage tenait à cette ambiguïté, qui pose en face à face les concepts théoriques et la perception de leur mise en œuvre pratique.

Nous chercherons donc à estimer les écarts entre :

* D’unepart les concepts que ce témoignage met en jeu, et qui sont en réalité des concepts liés à la situation en tant que telle – le contexte du soin. Tous les concepts mobilisés ici peuvent être utilisés pour décrire une toilette, quelque soit le soignant et quelque soit le soigné.
* D’autre part, la perception de ces concepts du point de vue d’un novice, Dominique FRIARD. Cette perception estsubjective, individuelle, et ne peut pas être utilisée ou même totalement comprise par autrui qui voudrait parler de son expérience propre.

C’est donc poser la question de la construction de l’identité professionnelle ; de l’acquisition de la distance soignante, et de l’agir compassionnel dont parle Philippe SVANDRA dans « Nature et forme du soin, pour une approche par l’agir compassionnel »(2004).

Un regard subjectif sur le soin – les concepts mobilisés au travers du discours de Dominique FRIARD

Ce texte est un témoignage. Cela suppose une écriture subjective des faits : l’auteur sélectionne les faits qu’il présente – nous avons noté ici l’absence de commentaire sur l’impact des odeurs – et organise son discours de manière à présenter son vécu sur sa première toilette.
La…