Lecture analytique l’autodafé candide

novembre 15, 2018 Non Par admin

LECTURE ANALYTIQUE : Chapitre 6 de Candide, « L’auto-dafé »
Introduction
La scène se passe au Portugal, à Lisbonne, après un tremblement de terre. Candide et
Pangloss vont être exécutés. Candide a déjà été confronté à un certain nombre de situations douloureuses comme l’enrôlement, la guerre, la cruauté humaine, les retrouvailles avec un Pangloss défiguré, la tempête, le tremblement de terrede Lisbonne. On le retrouve ici aux prises avec l’inquisition.

Le chapitre raconte avec une tonalité ironique une cérémonie, un autodafé dont Candide et Pangloss sont les involontaires victimes. Nous comprenons vite les objectifs de Voltaire qui sont la lutte contre l’intolérance, la dénonciation de la superstition et la dénonciation de l’optimisme.
Un autodafé est une cérémonie ou l’onbrûlait les hérétiques.
L’inquisition est un tribunal religieux ou l’on proclamait les autodafés.
I. L’ASPECT SPECTACULAIRE DE LA SCENE
a) L’aspect rituel de la scène
D’emblée, on note une insistance sur la justification de l’événement et son apparente rationalité, les décisionnaires sont des « sages », la décision est appuyée par des instances sérieuses : « l’université de Coïmbre », le motuniversité renvoie bien sûr au règne de la raison et du savoir. Présence du connecteur logique « en conséquence ».
* Efficacité assurée, ton de la certitude : « moyen plus efficace »/ « secret infaillible ».
* Lexique religieux (spécialisé) : « san-benito », « mitres », « procession », « sermon », « faux-bourdon », « prêché », « absous », « béni ».
* L’événement est présenté comme habituelet rituel : « quoique cela ne soit pas la coutume ».
b) Un spectacle
Dimension spectaculaire donnée à l’événement : « en grande cérémonie »/ « le spectacles de quelques personnes brûlées à petit feu ».
Valorisation par adjectifs mélioratifs : « bel autodafé »/ « grande cérémonie »/ « belle musique ».
Opposition entre la rapidité de l’évocation de la prison (« huit jours après ») et leralentissement mettant en valeur la cérémonie, notamment du fait des précisions données sur son déroulement et sur les vêtements.
Des tenues ressemblants à des déguisements : « la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n’avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites ».
Arrivéethéâtrale : « Ils marchèrent en procession ainsi vêtus ».
Présence de la musique : « une belle musique en faux-bourdon », « fessé en cadence, pendant qu’on chantait ».
c) Déshumanisation
L’absence d’humanité des instances religieuses qui ne se soucient pas des individus, ce que souligne l’utilisation du déterminant indéfini « quelques personnes ».
Des personnages transformés en objets, en pantins : «on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide »/ « tous deux furent menés »/ « ils furent tous deux revêtus d’un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papiers »/ « Candide fut fessé »/ « Pangloss fut pendu ».
Décalage entre l’esthétisme de la cérémonie et la cruauté des pratiques comme c’était déjà le cas dans le chapitre III sur la guerre, ce qui indique laprésence d’ironie.
II. UNE DENONCIATION VIOLENTE ET IRONIQUE
a) Dénonciation des superstitions
Disproportion entre les fautes et les peines : « un Biscayen convaincu d’avoir épousé sa commère », « deux portugais qui en mangeant du poulet en avaient arraché le lard »/ « le Biscayen et les deux hommes qui n’avaient point voulu manger de lard furent brûlés » et « on vint lier après le dîner ledocteur Pangloss et son disciple Candide, l’un pour avoir parlé, et l’autre pour avoir écouté avec un air d’approbation »/ « Candide fut fessé en cadence »/ « Pangloss fut pendu ».
Coïncidence entre le sacrifice inutile d’innocents et d’un second tremblement de terre, souligné par le complément circonstanciel de temps : « Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracs épouvantable ».
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