Le vieux qui lisait des romans d’amour

novembre 20, 2018 Non Par admin

‘ LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D ‘ A M O U R

Luis Sepûlveda est né au Chili en 1949. Outre Un nom de torero, il est également l’auteur du Vieux qui lisait des romans d’amour, du Monde du bout du monde et du Neveu d’Amérique. Best-sellers mondiaux, ses romans sont traduits dans de très nombreux pays. Il est également scénariste, réalisateur, producteur et même acteur pour le cinéma. Luis

Sepûlveda

LE V I E U X QUI LISAIT DES ROMANS D’AMOUR
R O M A N

Traduit par

de l’espagnol (Chili) François Maspero

Éditions

Métailié

TEXTE

INTEGRAL

TITRE ORIGINAL Un viejo que leía novelas de amor © by Luis Sepûlveda, by arrangement with Dr Ray-Giide Mertin, Literarische Agentur

I S B N 978-2-02-023930-1
(ISBN

2-86424-127-7, 1″ publication brochée ISBN2-02-020116-X, 1″ publication poche)

© Éditions Métailié, 1992, pour la traduction française © Le Monde, août 1992, pour la présentation

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PRESEN TATI O N PAR PIERRE LEPAPE

Le vieil homme et la forêt Premier roman d’un écrivain chilien entré dans la quarantaine, par ailleurs totalement inconnu, publié par une maison d’édition qui ne dispose pas de moyens importants, Le vieux qui lisait desromans d’amour connaissait un large succès public avant même que les médias ne s’emparent de sa toute fraîche célébrité. Mieux encore, en quelques jours, le bref roman de Sepúlveda recevait deux prix littéraires considérés comme antinomiques, celui, à vocation populaire, des Relais H, qui assurait sa présence dans toutes les librairies de gares, et celui, fort élitiste, de France-Culture, quil’ornait d’un incontestable label intellectuel. Un livre qui plaît ainsi à tout le monde est a priori suspect, et il n’a pas manqué de s’élever, dans le concert général de louanges, quelques voix dénonçant l’insupportable confusion : Sepúlveda bénéficiait d’un phénomène de mode et ne pouvait donc être aimé que pour de mauvaises raisons. Il serait sans doute intéressant de tenter une approchesociologique sérieuse de ce succès inattendu et du rapprochement autour d’un même livre de lecteurs dont les goûts et les attentes sont généralement aux antipodes. Comment Le vieux qui lisait des romans d’amour a-t-il créé cet improbable consensus, non dans la mollesse des concessions et des indifférences, mais dans l’enthousiasme et le plaisir ?
I

Le sujet du roman n’y est pas pour rien. Sepùlveda ledédie à son ami Chico Mendes, le défenseur de la forêt amazonienne, « l’une des figures les plus illustres et les plus conséquentes du mouvement écologique universel », assassiné l’an dernier par des hommes de main « armés et payés par de plus grands criminels, de ceux qui ont tailleur et manucure et qui disent agir au nom du « progrès » ». Le livre est une dénonciation impitoyable, bien que sansemphase, de la destruction aveugle, systématique, cruelle et stupide de cette forêt-continent qu’est l’Amazonie et, à travers elle, des équilibres fragiles et vitaux qui lient l’homme et son environnement naturel.

Le goût des images Sepùlveda n’entonne pas la vieille antienne du bon sauvage qui s’oppose au méchant civilisé, son vieux héros n’a rien d’un innocent primitif – il dévore des romansd’amour, c’est tout dire – et le monde dans lequel il vit ne s’appelle El Idilio que par ironie et antiphrase. Rien de moins idyllique que ce bord de fleuve noyé de pluie et de boue, dangereux, brutal, hanté par la peur et par la souffrance, enfermé dans sa solitude et son ressassement. La nature, montre Sepùlveda, ce n’est pas le paradis, pas le jardin d’Éden. C’est un être immense et terrible…