Le parcours artistique de rené magritte à travers 4 oeuvres
En parcourant le catalogue du centenaire de la mort de René Magritte qui reprend l’intégralité de ses œuvres, on peut remarquer une remarquable évolution au fil de ses œuvres, qui se dirigent vers un surréalisme de plus en plus prononcé. Un tel parcours artistique est peut-être similaire à celui de bien d’autres peintres, mais il serait intéressant d’analyser les évènements et les facteurs quil’ont influencé afin de mieux cerner encore, à partir de 4 œuvres peintes par Magritte à différents moments de sa vie, ce qui fait la particularité de cet artiste majeur dans le monde surréaliste . J’ai donc choisi comme fil conducteur la chronologie dans l’œuvre de René Magritte.
En effet, selon José Pierre, ce qui fit le génie de Magritte est sa capacité à se réinventer constamment et à s’ouvrir àtout ce qui l’entoure, à tout ce qui serait susceptible de présenter un intérêt nouveau pour l’art. Cette qualité est essentielle dans le parcours d’un artiste, c’est une preuve d’intelligence que de ne pas rechercher la voie de la facilité, surtout dans un monde comme l’art dont la principale caractéristique est d’évoluer sans cesse.
On peut déceler plusieurs périodes dans l’œuvre deMagritte . La période de ses débuts à l’Académie de Bruxelles qu’on qualifie de constructivisme, teintée de futurisme entre 1919 et 1924, année importante qui le voit découvrir le surréalisme par un tableau de Giorgio de Chirico : « Le chant d’amour »(1914). C’est également en 1924 que André Breton publie son fameux « Manifeste du surréalisme », en réponse au mouvement dada qui existait déjà depuis 1916 etétait bien plus radical dans ca conception anti-passéiste de l’histoire. A Partir de 1924, Magritte côtoiera les grands noms du surréalisme belge tels Paul Nougé, Camille Goemans et Louis Scutenaire et participera à de nombreuses expositions et publications prônant ce mouvement en pleine explosion, allant jusqu’à Paris pour rencontrer les grandes figures du surréalisme français. Mais la criseéconomique de 1929 force Magritte à rentrer à Bruxelles et il fonde avec son frère Paul une agence publicitaire, le plongeant dans une période, selon lui de « travaux imbéciles », en vue de préparer sa première exposition personnelle en 1936. A la fin de la seconde guerre mondiale, Magritte s’éloignera peu à peu du surréalisme de Paris avec un surréalisme légèrement impressionniste, dit « surréalisme enplein soleil ».
Après avoir énoncé les différents jalons importants dans le parcours artistique de Magritte, voyons dans quelle mesure ces différentes périodes se font ressentir en confrontant différentes œuvres provenant de chacune de ces périodes, afin d’établir un éventuel dialogue entre elles et voir si elles comportent des points communs ou divergents.
Tout d’abord, prenons un œuvre de lapériode constructiviste de Magritte (fig. 1), qui, nous le voyons bien, n’a encore rien à voir avec le surréalisme qui est à venir. L’importance de ce tableau réside dans sa capacité à nous montrer d’où un artiste peut partir pour arriver à quelque chose de totalement différent en peu de temps, car Magritte n’était pas connu pour son apport dans le mouvement cubiste et constructiviste.
Letableau suivant (fig.2) nous en apprendra plus sur les débuts de Magritte dans la peinture surréaliste, après sa découverte du « chant d’amour » de Chirico en 1924. On voit clairement sa volonté d’abandonner la doctrine cubiste et sa détermination à vouloir non plus déconstruire le réel, comme auparavant mais plutôt de le dépasser, en proposant des images oniriques, de rêve. A noter, la présence d’unmasque féminin très semblable au buste de femme qui occupe une place centrale dans l’œuvre étudiée (Rappel : la mémoire de 1948).
Près de 20 ans plus tard, l’œuvre de Magritte est plus mature que jamais. Les lignes sont plus claires, le dessin plus précis, plus gracieux (le visage de la statue) et l’on découvre dans ce tableau, qui est le sujet de ce travail (fig. 3), la composition spéciale…