Le mariage de figaro revolutionnaire?
SUJET : Le Mariage de Figaro est-elle révolutionnaire ?
Malgré tous ceux qui prédisaient la chute du théâtre et plus précisément de la comédie après le créateur du personnage de Tartuffe, le théâtre a toujours fait recette au XVIIIe. Le siècle des philosophes ayant bien accueilli l’exercice théâtral a été le berceau de grands auteurs dont les pièces continuent encore aujourd’hui à être lues etmises en scène et dont les personnages nous sont encore chers comme c’est le cas de l’héros de la trilogie de Beaumarchais : Figaro. Ainsi, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais s’est inscrit dans la tradition de la comédie d’intrigue avec ses deux œuvres majeurs Le barbier de Seville (1775) et sa suite, Le mariage de Figaro (1784). Cette dernière, qui a été qualifié de subversive par la critiquesthéâtraux de l’époque, a été objet de nombreux études non seulement par sa qualité littéraire mais aussi par son présumé caractère révolutionnaire. Or, on peut se demander en quoi Le mariage de Figaro est en effet une pièce révolutionnaire. Pour répondre à la question, nous analyserons dans un premier temps quels sont les aspects novateurs ou révolutionnaires de la pièce et dans un deuxièmetemps nous essayerons de comprendre les limites de ces aspects.
Tout d’abord, bien que Beaumarchais mette encore une fois en scène des personnages archétypes de la comédie française du XVII et XVIII, il surgit pour le lecteur ou le spectateur de cette pièce la sensation d’être en face d’un véritable bouleversement de rôles. En effet, le maître est humilié tandis que le valet est exalté et il facilede s’apercevoir de cela depuis le moment qu’on lit le titre de l’œuvre. Ce titre accorde au valet une importance qui supère dans une certaine mesure celle du maître. Cette pièce ne respecte pas le modèle institué par Molière avec Dom Juan où le titre de la pièce porte le nom du maître et non pas celui de son serviteur, Sganarelle. C’est le mariage de Figaro qui nous intéresse et non pas celui ducompte Almaviva. ici, le valet va affronter son maître, le comte, pour défendre son amour et par conséquent son bonheur, et ce justement dans ce point que la pièce va se focaliser. À différence de la pièce qui précède Le mariage de Figaro, c’est-a-dire Le barbier de Seville, Figaro n’est plus au service du maître et donné à sa satisfaction mais ce dernier est devenu plutôt son ennemi et c’estcontre lui qu’il doit conspirer. Pour cela, Figaro se sert d’une liberté d’expression qui normalement le valet ne possédait pas précédemment. Plus que jamais, le valet prend la parole et dit ce qu’il pense. Le respect qui devrait apparemment exister dans la relation maître-valet s’est totalement cassé, et c’est facile de s’en apercevoir grâce aux mots et tons que Figaro utilise au moment de parleravec son Seigneur. Par exemple, à l’acte II, scène 20, Figaro fait preuve d’une perte de respect au moment de nier le crime dont il est accusé par le compte tout en utilisant l’ironie (« FIGARO : S’il en est ainsi, ce n’est pas moi qui mens. c’est ma physionomie ») tandis qu´à l’acte 5 de la scène III notre valet émet un jugement sur le comte (« FIGARO : Vous lui donnez, mais vous êtes infidèle. »).De plus, cette espèce de rupture des stéréotypes et des rôles est, quoique moins évidente, général pour le reste des valets. Le maitre, dans ce cas le comte, est dans plusieurs passages trompé, jugé et désobéit par ses valets. D’ailleurs, c’est parce que Suzanne a choisi Figaro et non le compte que l’histoire peut avoir lieu. Ainsi, l’ordre semble avoir été sinon totalment au moins partiellementbouleversé.
Ensuite, ce bouleversement dont on se réfère manquerait de sens sans une prise de conscience. Effectivement, c’est dans le personnage de Figaro qu’une prise de conscience à propos des inégalités sociales va finalement se forger. Dans son monologue à la scène 3 de l’acte V, Figaro s’oppose explicitement au privilège de naissance (Qu’avez-vous fait pour tant des biens? Vous vous êtes…