Le mandala dans la théorie jungienne
I. RESUME DU CHAPITRE : « CONFRONTATION AVEC L’INCONSCIENT »
Dans son chapitre « Confrontation avec l’inconscient », Jung décrit son travail personnel dans une période de désorientation, de désorganisation et de perturbations psychiques, ses difficultés et sa souffrance due à « une tension extrême », soumise à une « domination de la pression interne » telle, qu’il se croit « menacé par unepsychose ». Durant cette période, il est face à « une activation inhabituelle de l’inconscient ». C’est dans ce climat à la fois intérieur et étranger qu’il va chercher à comprendre sa psyché et tenter de retrouver une sérénité intérieure, celle qui a été remise en question après sa séparation d’avec Freud en 1912. Jung fait face à l’inconscient, à partir de là il prend conscience de son Soi, de latotalité de luimême au travers de son travail d’auto-analyse. Pour réussir ce travail, il n’a d’autre choix que de s’abandonner complètement à son inconscient. A posteriori, Jung découvre que cette période de conflit interne et de tension est en fait l’œuvre d’un processus organisateur/désorganisateur : le processus d’individuation. Celui-ci est l’origine de sa crise. Il tend à l’organisation del’ensemble de la dynamique psychique, il permet à la personne de devenir un individu, de s’individuer. C’est en renonçant à sa position de héros et en acceptant la confrontation avec l’inconscient que Jung parvient à s’individuer. Dans ce chapitre, le lecteur est donc invité à accompagner Jung dans « son périlleux voyage », où il affronte et brave les « ténèbres involontaires de son esprit ». Cechapitre très riche rend compte d’un grand nombre de concepts de Jung. J’ai choisi de me centrer sur le thème du mandala. Au fil de ma lecture, il m’a semblé que ce concept marquait un moment clé. En tant que représentation du Soi et de la totalité de la personnalité, le mandala est à mon sens un concept important et central dans la théorie Jungienne. « Ce n’est que vers la fin de la Première Guerremondiale que je sortis progressivement de l’obscurité. Deux choses principalement ont éclaire l’atmosphère : (…) ; mais surtout, je commençai à comprendre les mandalas que je dessinais. C’était vers 1918, 1919. J’avais peint le premier mandala en 1916. » ([1], p. 313)
II. LE MANDALA – THEORIE
Le mot “Mandala” est un mot sanskrit qui désigne le cercle. « Mandala signifie cercle, plusspécialement cercle magique. Les mandalas ne sont pas uniquement répandus dans tout l’Orient, ils existent aussi chez nous. Ils sont abondamment représentés au Moyen Âge (…). Le plus souvent le mandala a la forme d’une fleur, d’une croix, d’une roue, avec une tendance marquée à prendre le quatre comme base de sa structure. » ([8], p. 43-44) ([1], p. 631) Le mandala se retrouve sous la forme de la quadraturedu cercle. Le cercle représentant l’intégrité naturelle, et la forme quadrangulaire le prise de conscience de cette intégrité. « Dans l’œuvre de Jung, symbole du centre, du but, et du Soi, en tant que totalité psychique ; autoreprésentation d’un processus psychique de centrage de la personnalité, production d’un centre nouveau de celle-ci. Un mandala s’exprime symboliquement par un cercle, uncarré, ou la quaternité, en un dispositif symétrique du nombre de quatre et de ses multiples. Dans le lamaïsme et le yoga tantrique, le mandala est un instrument de contemplation (yantra), siège et lieu de naissance des dieux. » ([1], p. 631) « La contemplation d’un mandala est sensée inspirer la sérénité, le sentiment que la vie a retrouvé son sens et son ordre. » ([4], p. 213) Cet effet estsimilaire chez l’homme moderne quand il apparaît en rêve. Le rêve de Liverpool de Jung, par exemple, apparaît comme étant plein de sens, c’est pour lui un acte de grâce. Jung distingue ainsi les mandalas traditionnels des mandalas individuels : « Ces derniers ne reposent ni sur une tradition ni sur un modèle, puisqu’apparemment ils constituent de libres créations de l’imagination, mais des créations…