Le lac

novembre 25, 2018 Non Par admin

Introduction

Le Lac est le dixième poème du recueil de 24 poésies nommé Les Méditations poétiques de Alphonse de Lamartine (1790-1869) publié en 1820. La poétique de ce poème comme de l’ensemble du recueil des méditations est classique, des quatrains d’alexandrins coupés à l’hémistiche donnant une harmonie, un équilibre lent propice à la description des sentiments de l’auteur. Le Lac estconsidéré, aujourd’hui encore, comme le fleuron de la poésie romantique. Ce poème fut inspiré à Lamartine par la liaison amoureuse qu’il eut en 1816-1817 avec Julie Charles, une femme mariée atteinte d’un mal incurable qui l’emporta en 1817. Lamartine revient seul revoir les lieux qu’il a visités autrefois avec elle. Le Lac de Lamartine est devenu le poème immortel de l’inquiétude devant le destin, del’élan vers le bonheur et de l’amour éphémère qui aspire à L’éternité.

Annonce des axes

Nous verrons donc que ce poème lyrique reflète l’obsession du temps qui passe et met en exergue le pouvoir de la nature.

Commentaire littéraire

I. L’obsession du temps

Le thème principal de ce poème est la fuite du temps, thème traditionnel de la poésie, déjà privilégié par les épicuriens del’Antiquité et par les poètes de la Pléiade comme Ronsard. Ici, le temps est représenté par la métaphore de l’eau qui est filée tout au long du poème.
Champ lexical du temps avec des divisions temporelles : « la nuit », « le jour », « l’aurore », « le soir », « les heures », « l’année », « moments », « l’éternité » et présence d’adjectifs significatifs : « l’heure fugitive », « nuit éternelle ». On observe la métaphore dutemps du temps « l’océan des âges » (21, 35-36) assimilé à l’eau -> métaphore filée du temps qui coule. Les allitérations en [l], des vers 14 et 38 par exemple, miment ainsi le bruit de l’eau.
Les enjambements nombreux notamment en fin de strophe semblent précipiter le poème et rendent ainsi sensible pour le lecteur le temps qui passe trop vite.
On remarque également les expressions « heurefugitive », « rapides délices » ou la phrase « le temps m’échappe et fuit » qui évoquent l’écoulement impitoyable du temps. L’antithèse « ce temps qui les donna, ce temps qui les efface » suggère quant à elle la fugacité des moments de bonheur, qui disparaissent aussi vite qu’ils ont éclos. En ce sens, le poème porte la plainte de toute la nature humaine. L’usage de la première personne du pluriel permet ainsiau lecteur de se reconnaître dans le cri de douleur poussé par le poète. Tout le poème semble ainsi évoquer la fuite du temps.
L’allégorie temps-oiseau prend ici une importance particulière. « O temps suspends ton vol », est un impératif adressé au temps comme à un oiseau pour suspendre son vol et se reposer. Au vers 37 où l’adjectif « jaloux » renforce la personnification.
Les participes passés,la voix passive (strophe 1) soulignent la passivité et l’impuissance de l’homme face au temps : il est soumis au mouvement du temps. L’opposition des temps verbaux (passé / présent) : le passé évoque le souvenir, l’expérience vécue (strophes 3 et 4). L’imparfait insiste sur la durée des actions et le passé simple sur le caractère bref et inattendu des moments vécus. Dans ce poème, le présent sert àl’observation générale (présent gnomique : vers 7, 13) et à la réflexion. À partir du vers 20, présence d’apostrophes et de l’impératif présent. À partir du vers 29, les prières sont remarquables, ainsi que le subjonctif présent dans les trois dernières strophes (au début des vers). Il y a correspondance entre les temps : le présent fait naître le souvenir. Les interro-négatives des vers 41 et 44soulignent la douleur du poète.

Cette réflexion insiste sur l’impossibilité de l’homme à fixer le temps. Cette dernière est signalée par les invocations au temps : il est capricieux (vers 21-22, 30-31, 37, 41), il est celui qui donne et qui reprend, il a un caractère inlassable, éternel (vers 36).
Le rythme est vif : notamment dans les deux premières strophes, il y a absence de points et…