Le dormeur du val, rimbaud
Rimbaud, Le Dormeur du Val – Poésies.
Le Dormeur du Val est un poème qui figure dans les Cahiers de Douai dans le recueil Poésies. Rimbaud (1854-1891) l’écrivit en octobre 1870 : le contexte d’écriture s’inscrit au lendemain de la capitulation française face à la Prusse avec la capture de Napoléon III, neveu de Napoléon Ier et empereur de France de 1852 à 1870, qui entraîne la chute du SecondEmpire. Le 4 septembre 1870 est proclamée la République. Rimbaud profita de ce trouble pour effectuer une fugue qui le mènera à Paris voir les républicains. Il sera vite emprisonné à Mazas et libéré, il revient d’abord à Douai où l’accueillent les tantes de son prof Izambard. Ce recueil, Rimbaud l’adressera à P. Demeny : il est constitué de poèmes qui offrent un témoignage ironique voire satiriquesur la société qui l’entoure. Dans Le Dormeur du Val, Rimbaud s’emploie à dénoncer l’absurdité de la guerre.
Ce poème est donc un sonnet (2 quatrains, 1 sizain) en alexandrins, tout à fait régulier en regard de la tradition du sonnet de la Renaissance. Il faut dire que c’est un des premiers poèmes du poète : il a alors 16 ans. On distingue deux mvts dans ce poème : 1/ la description d’unenature lumineuse, fertile au milieu de laquelle dort paisiblement un jeune soldat (2 quatrains) 2/ moment où le faux dormeur se révèle être un vrai mort. Ce poème appartient au mouvement symbolique (rappelons la tentative de Rimbaud de se faire publier dans le Parnasse contemporain). C’est un poème satirique dénonçant l’absurdité de la guerre laisse peu à peu suggérer la mort du jeune soldat à traverstout un jeu de symboles.
Projet de lecture : Comment Rimbaud renforce-t-il l’efficacité de ce poème satirique en le faisant reposer sur un jeu de symboles ?
I/ Un soldat endormi dans une nature idyllique.
1. Une nature lumineuse, fertile et vivante.
Paysage vert donc fertile ? idée de vie ; personnification de la rivière qui « chante » donc idée de bonheur, d’inquiétude. Chant =bruit doux de l’eau de la rivière, « accroche follement » renforce l’idée d’un mouvement joyeux, d’ivresse, exaltation, bonheur. Haillons : petit bout de vêtement ? on ne perçoit pas encore le sens (peut désigner un fragment de vêtement qu’aurait perdu le soldat au combat). L’eau de la rivière reflète au soleil :
? nature lumineuse : d’argent en rejet mis en valeur : reflet de l’eau au soleilévoqué immédiatement après ; personnification de la montagne qui est « fière » (hauteur? majesté du paysage) ; luit en rejet : on insiste une nouvelle fois sur la luminosité du décor. Petit val : idée d’abri, auquel renvoie d’ailleurs la périphrase « trou de verdure »? il apparaît comme un refuge. « mousse de rayons » : métaphore (comme du champagne qui mousse, idée d’ivresse, de folie qui renvoie à« follement ».
Donc véritable cadre idyllique, presqu’une image du paradis.
2. Un jeune soldat endormi.
« soldat jeune » et non « jeune soldat » comme on s’y attendrait, mise en évidence de la jeunesse du soldat plutôt que son activité ? Il a la bouche ouverte : pour respirer le grand air de la nature ? Tête nue : pas de casque, donc soldat désarmé, pas au combat : rythme ternaire, impressionde saccadé mais pas d’interprétation possible pour le moment. Sa nuque baigne dans l’eau calme.
Dort en rejet donc mise en valeur du sommeil. Surtout cela permet de faire le lien avec le titre : jusqu’ici le décor était le lieu de l’indéfini (« un », « une » on avait un soldat). Maintenant, un soldat ?? le dormeur et un petit val ? du val. Ils deviennent exemplaires : le titre place le soldat etle val en situation définie.
Il est étendu : donc pas sur la défensive ni en posture d’attaque, il est allongé, endormi, paisible ? quiétude. De nouveau herbe ? fertilité.
Mais il est pâle, lit vert = périphrase pour l’herbe, lit= lieu de sûreté, de l’intimité ? donne une idée de sa relation avec la nature. Mais qqch se passe, il y a comme un renversement de perspective : jusqu’ici on…