Le consultant

janvier 9, 2019 Non Par admin

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Vial, M.(1996) « Le consultant et l’aide à la décision dans l’entreprise « apprenante », Colloque international sur L’organisation apprenante, juin, Aix-en-Provence, texte publié dans L’organisation apprenante, sous la direction de Mallet, J. En question, Actes 1, Aix-enProvence, Tome 2, p. 159/172

LE CONSULTANT ET L’AIDE A LA DECISION DANS L’ENTREPRISE « APPRENANTE » Michel VIAL

Quelintérêt de parler d’entreprise apprenante ? C’est une expression séduisante, qui sonne bien, mais qui signifie quoi ? Est-ce pensable ? Est-ce un objet qui nécessiterait d’autres modèles que ceux dont nous disposons déjà, pour être relié à des concepts, et problématisé ? Il a paru utile de réfléchir aux significations de cette expression avant de foncer tête baissée dans une adaptation approximative desmodèles existant déjà. Le learning peut donner lieu en français a plusieurs traductions, compte tenu de ce qu’on sait déjà en Sciences de l’éducation. Je vais donc baliser trois définitions que j’ai fini par rejeter pour en proposer une autre, ensuite. 1. l’entreprise formatrice ? J’ai été tenté d’abord de définir l’entreprise apprenante comme un lieu où on apprend. Ce serait simple et peut-êtremême utile : il existe des outils déjà disponibles pour le concevoir puisqu’il suffirait d’importer les modèles utilisés pour analyser la formation et de parler de l’entreprise comme d’un lieu où s e passent des « apprentissages », c’est-à-dire, ici, un lieu où s’acquiert des « compétences » : savoirs, savoir-faire ou savoir-être, dit-on, compétences découvertes pendant la formation et dont on espèrequ’elles seront ensuite disponibles sur le lieu de travail. La confusion, héritée de la pensée par objectifs, entre compétence et apprentissage, court dans le discours ordinaire : on « monte » un dispositif d’apprentissage pour faire acquérir une compétence, toute compétence doit donner lieu à un apprentissage… puis l’apprentissage se réduit bien vite à une compétence à acquérir, et enfin lacompétence devient synonyme d’apprentissage. Alors ce qui ne se vise pas délibérément n’est ni apprentissage, ni compétence. De ce fait, l’apprentissage n’est plus un processus du sujet organisé dans une institution, c’est le résultat, la cible. De là à dire que le stage de formation est le seul lieu où on apprend et que le terrain est le lieu où on transfère,
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Vial, M.(1996) « Le consultant etl’aide à la décision dans l’entreprise « apprenante », Colloque international sur L’organisation apprenante, juin, Aix-en-Provence, texte publié dans L’organisation apprenante, sous la direction de Mallet, J. En question, Actes 1, Aix-enProvence, Tome 2, p. 159/172

exécute ou réalise la compétence donnée en formation, il n’y a qu’un pas que l’idée d’une entreprise comme lieu de formation grandeurnature peut aider à dépasser. Mais à ce compte là, je ne vois pas pourquoi, sinon par anglicisme douteux, on ne parlerait pas d’organisation formatrice, d’organisme hiérarchisé, fonctionnel, une organisation, où les personnes doivent et peuvent se former, pour pouvoir y travailler, au même titre que les autres organisations comme l’école, l’armée ou l’hôpital. Parce qu’elle doit s’adapter auxbouleversements ambiants, l’entreprise oblige à développer des compétences nouvelles, comme la famille oblige l’enfant à acquérir des savoir-faire différents au fur et à mesure que son niveau de vie progresse ou décroît. A ce titre les notions, les modèles…, l’armature critique existant déjà pour analyser les organisations et celles utilisées pour évaluer les formations, suffisent ; on travaillealors sur un cas particulier : sur ces organismes qui sont des lieux de travail et qui deviennent, et parfois sans qu’on y prête attention, des lieux où on doit —où l’on peut— effectuer des apprentissages, sous la pression du contexte évolutif. En ce sens, tout lieu de travail est un lieu de formation et l’expression « d’entreprise apprenante » n’a pas lieu d’être. Sauf à vouloir étudier comment…