Le bruitisme hida
Le bruitisme
La musique bruitiste, ou noise music en anglais, bien que le terme « bruitiste » d’origine française ait été à présent largement adopté, est une vaste appellation pouvant regrouper divers genres musicaux, relevant de plusieurs grandes familles musicales : l’électroacoustique, la musique improvisée, le jazz, la musique industrielle et le rock. Elle se caractérise par l’assemblage desons communément perçus comme désagréables ou douloureux, et prend à contre-pied les plus communes définitions de la musique, fondées sur sa dimension esthétique, pour s’intéresser à d’autres aspects de l’œuvre musicale : sa structure, son sens, son effet sur l’auditeur, ou les différentes caractéristiques du son.
{text:bookmark} Genèse conceptuelle du bruitisme
« La musique, c’est du bruitqui pense. » – Victor Hugo
« Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le. » – John Cage
Luigi Russolo avec Ugo Piatti et les Intonarumori, 1921
Le bruitisme est apparu au début du XXe siècle, dans le cadre du mouvement futuriste italien : le 9 mars 1913, le peintre et compositeur Luigi Russolo publie le manifeste L’Arte dei Rumori (L’Art des bruits), qui pose les bases conceptuelles dubruitisme : selon lui, la Révolution industrielle aurait accru la capacité de l’homme à apprécier des sons complexes. C’est une révolution conceptuelle importante pour la musique contemporaine : on peut y voir les prémisses d’une pensée fonctionnelle où l’œuvre musicale semble moins vouée à créer des liens structurels inédits (in-ouïs) que destinée à « fonctionner » pour chaque individu. L’essencedu musical réside alors moins dans ce qui est perçu que dans ce qui est fait de ce perçu. D’ailleurs on notera qu’à la même époque, dans le domaine de la peinture les futuristes suprématistes (Malevitch, Rodchenko…) furent à l’origine d’un nouveau formalisme, constructiviste, première manifestation de la peinture abstraite où la substance dégage la fonction de l’art.
La musique cherche donc, enintégrant dans son matériau les données brutes du sonore, à construire des fonctions perceptives plus substantielles (toute forme restant admise pour sa relation au matériau). Dépassant le cadre des tonalités ambiguës hérité du romantisme wagnérien, les futuristes italiens se sont essayés à fonder une nouvelle construction du musical sur des éléments qui n’étaient pas encore qualifiés d’objetssonores (cf musique concrète), mais qui comme “bruits” de la vie courante possédaient par nature une fonction dédiée à notre environnement. Russolo conçut un grand nombre d’instruments bruitistes et mit en place un orchestre pour jouer son Gran Concerto Futuristico (1917). Cette composition reçut un accueil très hostile et violent, ainsi que son auteur l’avait prévu.
{text:bookmark}{text:soft-page-break} Musiques concrète et électroacoustique
Ses idées sont reprises dans les années 1920 par Edgard Varèse, qui introduit des éléments bruitistes dans sa musique par le biais d’instruments mécaniques. John Cage compose pour sa part en 1939 sa série des Imaginary Landscapes (_Paysages Imaginaires_), qui combinent des éléments tels que des bruits enregistrés, des percussions, des radios…D’autres compositeurs contemporains tels que Pierre Schaeffer, Iannis Xenakis, Karlheinz Stockhausen ou Pierre Henry s’inscrivent dans cette continuité, et mènent des expériences à base de synthétiseurs, de bandes magnétiques et de radios, produisant les premières formes de musique électronique. Ces recherches donnent naissances à deux nouvelles formes de musique contemporaine: la musique concrèteet l’électroacoustique.
{text:bookmark} L’appropriation par la musique industrielle Alors que la révolution de l’électronique offre un merveilleux instrument au plus grand nombre, les précurseurs du mouvement industriel sont les premiers à sortir le « bruitisme », même si le terme est encore inexistant à l’époque, du champ de la musique savante. Dès le milieu des années soixante, influencés…