L’art du roman – kundera

septembre 11, 2018 Non Par admin

L’art du roman – KUNDERA

? Première partie : L’Héritage décrié de Cervantès

Passion de connaître de l’homme. Crise européenne dont on trouve les racines chez Galilée ou chez Descartes. « L’essor des sciences propulsa l’homme dans les tunnels des disciplines spécialisées.
Cervantes comme fondateur des temps modernes au même titre que Descartes. Un à un, le roman à découvert lesdifférents aspects de l’existence. L’aventure (Cervantes et ses contemporains), « ce qui se passe à l’intérieur », le dévoilement des sentiments (Richardson), l’enracinement de l’homme dans l’Histoire (Balzac), le quotidien (Flaubert), l’intervention de l’irrationnel dans le comportement humain (Tolstoï). Le roman sonde le temps passé(Proust) ou présent (Joyce).
« Le roman accompagne l’hommeconstamment et fidèlement dès le début des temps modernes. […] La connaissance est la seule morale du roman. »
Don Quichotte ? critique rationaliste de l’idéalisme fumeux ou exaltation de cet idéalisme. Non, pas de parti pris moral à la base de l’œuvre. L’homme souhaite un monde où le bien et le mal dont nettement discernables. Désir de juger avant de comprendre. Or ; la sagesse du roman, del’incertitude, est ainsi difficile à accepter et à comprendre.
Premiers romans européens : voyages. Plus vague, Jacques le Fataliste, les héros sont surpris au début au milieu d’un chemin. Plus tard l’horizon se rétrécie. Chez Balzac le temps est embarqué dans l’Histoire. Pour Emma Bovary, la clôture se resserre. L’infini de l’extérieur est remplacé par celui de l’âme.
Qu’est-il devenu de l’aventure,autrefois premier grand thème du roman ? Sa propre parodie ? Le chemin du roman se boucle-t-il sur un paradoxe ? Paradoxe terminal, XXème siècle des guerres, les conflits comme unité.
Découverte de Flaubert du quotidien repris plus tard par Joyce.
On a beaucoup parlé de la fin du roman. Enterré au nom de la justice historique. « En tant que modèle de ce monde, fondé sur la relativité etl’ambiguïté des choses humaines, le roman est incompatible avec l’univers totalitaire. »
L’appel du rêve, l’imagination s’est endormie au XIXème pour se réveiller avec Kafka qui opère une fusion du rêve et du réel. Tourbillon de la réduction. Or l’esprit du roman est l’esprit de complexité, de continuité. « Le roman ne peut plus vivre en paix avec l’esprit de notre temps ».

? Deuxième partie:ENTRETIEN SUR L’ART DU ROMAN

Sur l’esthétique du roman: le roman se définit, au-delà d’une visée psychologique, comme une volonté de saisir le «moi», (notion d’énigme) comment se construit ce «moi». On distingue, sur cette tendance, plusieurs périodes:
– D’abord par l’action (Boccace).
-> «En toute action, l’intention première de celui qui agit est de révéler sa propre image.» (Dante). C’estpar l’action que l’homme sort de l’univers répétitif du quotidien.
Fissure avec Diderot: entre l’acte et lui (le personnage => le moi) une fissure s’ouvre, il ne se reconnait plus dans ses actions ; l’homme veut révéler par l’action sa propre image mais cette image ne lui ressemble pas. Caractère paradoxal.
– Puis dans la vie intérieur (Richardson, Constant, Proust, Gœthe, Joyce).
-> Lepersonnage confesse sa pensée et ses sentiments.
Fissure par la notion de «Paradoxe terminal»: Avec Descartes l’homme est «maître et possesseur de la nature». Mais ce même homme, après ses progrès dans la techniques et les sciences, se rend subitement compte qu’il ne possède rien et n’est maître ni de la nature (il n’y en a plus), ni de l’Histoire (elle lui a échappé) ni de soi-même (régit par desforces irrationnelles de son âme). Il n’y a donc plus de Dieu ni d’homme maître, c’est la planète qui avance dans le vide sans aucun maître.
On ne peut plus penser le «moi» sans son contexte, sans son monde, comme on ne peut plus penser le monde sans un moi; l’homme et le monde sont indissociables -> Heidegger, sur la caractérisation de l’existence: un «être-dans-le-monde».
– Puis par…