L’argumentation à l’époque des lumières
Sujet : « Longtemps j’ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre impuissance. N’importe : je fais, je ferai des livres; il en faut; cela sert tout de même. La culture ne sauve rien nipersonne, elle ne justifie pas. Mais c’est un produit de l’homme : il s’y projette, s’y reconnaît; seul, ce miroir critique lui offre son image ». Discutez cette affirmation de Jean-Paul Sartreexprimée dans Les Mots en vous appuyant sur des exemples de vos lectures.
Rédaction:
Au 20e siècle, la violence des guerres et l’intensité des affrontements politiques ont conduit de nombreuxécrivains à « s’engager », c’est à dire à mettre leur oeuvre au service d’une idéologie. Sartre fut ainsi l’un des tenants les plus actifs de la littérature engagée. Cependant, il exprime son désenchantementdans Les Mots, son autobiographie : « longtemps, j’ai pris ma plume pour une épée : à présent je connais notre impuissance ». Mais il ajoute qu’il continuera à écrire parce que « cela sert tout de même ».Avec Sartre, on peut donc voir pourquoi l’engagement en littérature conduit inévitablement à la désillusion. Mais on peut se demander si, au contraire, les oeuvres littéraires contribuent à laliberté de l’homme et de la société. Enfin, le propre de la littérature n’est-il pas d’éveiller l’esprit critique et de provoquer les remises en question ?
La désillusion sur la littérature engagée,que Sartre exprime dans le texte cité, peut s’expliquer par le sentiment d’impuissance éprouvé par les écrivains. Impuissance à mobiliser l’opinion, à modifier les mentalités et, à plus forte raison, àrenverser un régime oppressif. Les actions engagées par l’ensemble des écrivains contre la montée des dictatures en Europe dans l’entre-deux-guerres, n’ont pu empêcher la Seconde Guerre mondiale.Malraux, Gide, Giraudoux, les surréalistes ont ainsi vainement multiplié les mises en garde, les manifestes, les oeuvres. Par exemples, Les grand cimetières sous la Lune de Bernanos, qui dénonçait…