Langues maternelles et langues étrangères en algérie: conflit ou cohabitation?

décembre 19, 2018 Non Par admin

Langues maternelles et langues étrangères en Algérie : conflit ou cohabitation ?

Dr. Abderrezak Amara Université de Mostaganem
Synergies Algérie n° 11 – 2010 pp. 121-125

Résumé : La situation linguistique de l’Algérie d’aujourd’hui peut être qualifiée de complexe. Différentes langues cohabitent dans le piétinement d’une politique linguistique susceptible de satisfaire lesdifférents locuteurs. Une grande diversité linguistique est en présence : l’arabe dialectal parlé par la majorité des Algériens, l’arabe classique enseigné à l’école, langue des médias ; le berbère (tamazight) avec ses différentes formes régionales, et reconnu récemment par l’instance politique comme langue nationale ; enfin le français, héritage colonial en présence dans le parler algérien et premièrelangue étrangère apprise à l’école dès la deuxième année (à partir de l’année 2005). Mots-clés : contraste, langue maternelle, langue étrangère, cohabitation, conflit.

Summary: In Algeria, the contrast between the spoken mother tongues, scholar Arabic and the foreign language (French), translate a difficult cohabitation marked by the relationship between competition and conflict which ties the two dominant regularizations (the first one by the including its statute as official language in the constitution, the second one, the foreign language, but legitimated by its preeminence in the economic life) on one hand, and on the other hand the permanent and obstinate criticism of the popular speeches.Keywords: contrast, mother tongue, foreign language, cohabitation, conflict.

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Synergies Algérie n° 11 – 2010 pp. 121-125 Dr. Abderrezak Amara

Parlant de la situation sociolinguistique en Algérie, Khaoula Taleb-Ibrahimi soulignait que :
« Les locuteurs algériens vivent et évoluent dans une société multilingue où les langues parlées, écrites, utilisées, en l’occurrencel’arabe dialectal, le berbère, l’arabe standard et le français, vivent une cohabitation difficile marquée par le rapport de compétition et de conflit qui lie les deux normes dominantes (l’une par la constitutionalité de son statut de langue officielle, l’autre étrangère mais légitimée par sa prééminence dans la vie économique) d’une part, et d’autre part la constante et têtue stigmatisation des parlerspopulaires .» (1998 : 22).

Elle ajoute que cette situation fait qu’« une langue patch-work – ni arabe, ni français, ni berbère – semble devenir celle d’une large frange de jeunes algériens. » (ibid., p. 229). Ainsi, tiraillé entre les langues en concurrence, le locuteur algérien « se débat dans une situation linguistique complexe qu’il ne maîtrise pas et où les langues en présence sontinégalement mises en valeur en fonction de paramètres socio-historiques et politiques »1(Farouk Bouhadiba, 1998 : 5). Les propos de Khaoula Taleb-Ibrahimi et Farouk Bouhadiba montrent clairement que le paysage linguistique algérien, de par sa complexité et sa diversité, pose plus que jamais la problématique de la coexistence, de la cohabitation versus le conflit. Corollairement, la distinction classiqueentre langue maternelle et langue étrangère est à l’origine d’un certain nombre de tensions. Tout se passe comme si l’existence de l’une excluait de facto la pérennité de l’autre. Le français, ayant un statut de langue étrangère, serait-il en situation de conflit avec l’arabe ? Une question qui s’impose est de savoir si cette pluralité entrevue en termes de conflit linguistique (en…