La volonté d’avoir raison est-elle un obstacle au dialogue ?
La volonté d’avoir raison est-elle un obstacle au dialogue ?
Pour le scientifique comme pour le philosophe, pour n’importe quel homme recherchant la vérité, la « volonté d’avoir raison » repose avant tout sur la volonté de convaincre. Cette volonté manifeste l’intention de faire triompher le point de vue qui semble légitime à un homme soit parce qu’il estime que les motifs rationnelsqu’il a de les soutenir rendent cette thèse universalisable, acceptable pour tous, soit parce que la conviction qu’il attache à ce point de vue lui semble justifier qu’il soit partageable pour tous. Le dialogue demande une ouverture d’esprit, d’écoute afin de pouvoir échanger, communiquer mais il suppose aussi que l’on puisse admettre le point de vue se son interlocuteur.
En ce sens un problème sepose, vouloir à tout prix avoir raison conduit à la susceptibilité, l’intolérance et empêche de prendre en considération un autre point de vue que le sien. Pour aller plus loin encore, on peut même dire que cette volonté dissuade d’écouter la personne avec qui l’on parle, or n’est-ce pas le fondement même du dialogue ? Et donc dans ses conditions la volonté d’être dans le vrai empêche-t-elle depratiquer honnêtement le dialogue ?
Pour cela, demandons nous si la volonté a un rôle dans la construction dans un individu de caractère ? Puis posons nous la question de savoir comment la volonté d’avoir raison peut-elle être un obstacle au dialogue et si oui, quelles en sont les conséquences ? Et enfin demandons nous comment se manifeste la volonté d’être dans le vrai ?
Un mondevéritablement humain ne pourrait se défaire du dialogue, là où la parole prend réellement son sens. En effet, le monde commun, composé d’entrelacements de différences, consacre la nécessité d’une vie sociale propre à l’humanité. Or, parler, c’est échanger et donc se situer sur le plan intersubjectif, s’ouvrir la perspective d’une vie sociale et se placer dans la société. Le dialogue ouvre sur la possibilitéd’une communication, d’un enrichissement mutuel. Nous pouvons citer une pensée de Merleau-Ponty, philosophe français du XXème siècle lorsqu’il écrit « Dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre moi et autrui un terrain commun ». Ce terrain est le stade d’entendement entre deux individus, c’est le but d’un dialogue.
La volonté définit un individu de caractère, or notre caractère, notrepersonnalité ainsi que nos idées sont « le moteur » d’un dialogue, la vérité, le vrai, sont la direction de ce dernier. Il est une communication entre personnes cherchant la vérité. Selon Platon, c’est une recherche philosophique de la vérité mais c’est aussi le respect de l’autre. La réflexion qui précède un dialogue doit inviter d’abord une personne à essayer de former son propre jugement, pouravoir effectivement des arguments à présenter. Selon la réflexion Socratique c’est un art difficile qui demande un effort constant. C’est une façon pour la pensée de se construire petit à petit. Cette démarche est d’autant plus efficace que l’émetteur va devoir « dialoguer avec lui-même » au préalable afin de préparer des arguments imparables pour convaincre réellement une personne sceptique, quidoute. Cette volonté demande un effort parce que du conflit qu’elle engendre contre la thèse adverse, elle peut venir à bout de tenaces réticences de la part de celui qui ne veut pas entendre raison.
Au cœur même du dialogue, cette volonté d’avoir raison est un moyen de s’affirmer en tant que personne de caractère, mais aussi ses idées et ses croyances. C’est une forme de volonté de leurdonner une dimension universelle. Le dialogue pour convaincre, c’est-à-dire vaincre ensemble contre le mensonge l’illusion, l’erreur ou l’ignorance plutôt que de persuader. Il faut donc s’adapter à la personne qui est en face de soi, de l’écouter. Il demande aussi beaucoup d’entraînement car il faut savoir s’exprimer de façon claire. Le dialogue permet donc aussi de développer des qualités…