La science remplace t’elle la philosophie
Philosophie et science
Les problèmes philosophiques consistent notamment en l’interrogation des concepts de réalité et de vérité (métaphysique et logique), de bien et de justice (morale et politique) et de beau (esthétique) : La philosophie est la recherche et l’étude des principes de la pensée, de la connaissance de la réalité, et des finalités de l’action humaine. Cette recherche s’exprime pardes pensées, des théories ou par des conceptions générales sur l’homme, le monde et l’être en général. Elle implique une réflexion critique sur le sujet pensant lui-même, selon la formule socratique : Connais-toi toi-même. La recherche philosophique met parfois au jour des problèmes insolubles (des apories). Cela ne contredit en rien sa finalité et met en lumière l’essence même du philosopher :interroger le réel quant à son être d’une façon rigoureuse et argumentée de façon à esquisser une compréhension de notre rapport à l’être, au monde et des principes de nos actions.
Pour nous autres, hommes modernes, science et philosophie étaient rivales : cette rivalité s’est dissoute pour disparaître dans la victoire de la science sur la philosophie. Seuls quelques attardés considèrent encorela philosophie comme une discipline vivante.
Mais cette évidence est trop évidente, trop certaine pour ne pas être suspecte, c’est-à-dire tout simplement à examiner.
En d’autres termes et pour préciser, ce qui paraît clair c’est que l’expression « connaissance scientifique » est un pléonasme. Les conséquences sont de taille, car alors il ne reste plus à la philosophie que l’éthique si oncomprend celle-ci comme réflexion sur la morale, et l’épistémologie qui pourrait bien n’être qu’un doublet vulgarisateur de la science.
Afin de tenter d’éclaircir cette difficile et centrale question nous allons examiner deux types de savoir, mathématique et physique, en les comparant à la philosophie.
1. La mathématique est une discipline rigoureuse : proposition à laquelle tout le mondesouscrira comme si on énonçait là une banalité. Pourtant on ne se demande pas en quoi consiste cette rigueur de la mathématique, rigueur que ne pourra jamais égaler la philosophie.
Cette rigueur vient de ce que la mathématique élabore elle-même ses objets qui sont de nature idéelle. Ainsi le triangle, même si je le trace au tableau ou sur une feuille, n’est pas celui sur lequel je raisonne. Lamathématique alors ne s’occupe, en quelque sorte, que du maniement de ces objets idéels sans d’ailleurs se soucier de savoir s’ils correspondent à une réalité extérieure : A = B s’écrit sans savoir ce que sont A, B, on dit seulement qu’ils sont égaux. La mathématique est un système d’opérations, d’opérations extérieures les unes aux autres puisqu’elles s’enchaînent comme ce qui est permis par desrègles du jeu.
La philosophie quant à elle et contrairement à la mathématique n’est pas libre de choisir ses prémisses et de décider des règles dont elle usera : la philosophie n’invente pas ses notions, elle part des idées communes qu’elle a la charge d’expliciter. Ainsi, par exemple, les notions de liberté, de justice. C’est pourquoi la philosophie ne peut se réduire à un jeu mental etdébute nécessairement dans l’à peu près.
Inutile comparaison donc ; ne faudrait-il pas alors se tourner du côté de la physique qui elle aussi, comme la philosophie, a affaire à du réel ?
2. La physique : nous pensons que le physicien s’occupe de la nature et voilà qui paraît évident. Mais de quelle nature s’agit-il, car enfin n’importe quel objet, que ce soit la pierre qui tombe ou la feuillequi tombe dans le vent d’automne, cet objet, dans la perspective de la physique, tombe : « Oui tous les corps tombent, même ceux qui ne tombent pas ».
Ainsi les événements toujours autres sur lesquels on ne peut rien sont, dans cette perspective, toujours les mêmes sur lesquels on peut beaucoup et c’est bien pourquoi le physicien peut prédire. La nature telle que l’envisage le physicien est…