La république

décembre 17, 2018 Non Par admin

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Livre V
Il s’agit en premier lieu pour les interlocuteurs, d’examiner la nature de cette communauté des enfants et des femmes destinée aux gardiens, de la communauté des soins pour ceux qui appartiennent à l’âge intermédiaire entre la naissance et l’éducation (jusqu’à six ans environ.)
Les discours précédents ont établi que ces hommes étaienten quelque sorte les « gardiens d’un troupeau ». De la même manière que les femelles des chiens de garde font tout en commun avec eux dans la mesure de leurs forces qui sont plus faibles, les femmes des gardiens devront se comporter de même. Puisque la cité aura indifféremment recours aux hommes et aux femmes pour les mêmes fonctions, il faut leur donner la même éducation : musique et gymnastiqueet formation aux pratiques guerrières. En ce sens, s’opposant aux conceptions en vigueur, Socrate affirme que les femmes doivent s’entraîner nues au gymnase, à l’équitation et au port des armes.
Il s’agit alors de déterminer si par nature, les hommes et les femmes peuvent pratiquer les mêmes activités. Il a été défini plus haut, que dans la cité chacun devrait exercer les tâches qui luiconvenaient en fonction de sa nature. Or il semble évident que la nature de la femme ne se confond pas avec celle de l’homme. Si l’hypothèse doit être maintenue d’une différence de nature entre les hommes et les femmes, ce ne peut être seulement en raison d’une différence de fonctions. Si la différence doit être posée absolument, il faut la fonder absolument, or jusqu’ici cette différence de nature demeurerelative et ne peut donc être déterminée que par rapport à une fonction spécifique. La différence de nature entre les hommes et les femmes ne se fonde-t-elle que sur les dons naturels ? Platon s’interroge alors sur le talent naturel ; le don naturel est associé au don d’apprendre et de retenir. Chez celui qui est doué l’exercice de la pensée domine les forces du corps. Il n’y a pas en réalitéd’occupation relative à l’administration de la cité qui appartienne à une femme ou à un homme en raison de son sexe, les dons naturels sont répartis de manière semblable dans les deux genres. Simplement dans ces activités, la femme est un être plus faible que l’homme. Il existe donc des femmes douées pour exercer l’activité de gardien qu’il faut choisir pour vivre en communauté avec des hommes dumême genre. Instituer une telle loi n’est pas irréalisable puisqu’elle est conforme à la nature. De plus, cette législation est véritablement la meilleure pour une cité, puisqu’elle est met au pouvoir les hommes et les femmes les meilleurs. « C’est le bénéfique qui est beau et le nuisible qui est laid ».
Il faut par ailleurs, que ces femmes soient communes à tous ces hommes, et qu’il en soit de mêmepour les enfants, afin que nul ne sache qui est de sa descendance et qui ne l’est pas. Ils auront en commun leurs logements, les repas, et ne posséderont rien qui ne soit aussi à tous ; ensemble ils se mêleront dans les gymnases ce qui en vertu d’une nécessité naturelle, les poussera à s’unir. Néanmoins il ne s’agit pas d’instituer des pratiques impies, il faut donc donner au mariage le caractèrele plus sacré possible. Ces mariages auront lieu entre les meilleurs comme entre les plus médiocres, mais il est impensable d’accoupler le médiocre et le meilleur. En effet, la reproduction entre ces sujets d’élites visent à assurer une progéniture apte à perpétuer l’excellence de leurs parents.
Doit-on pour autant considérer qu’il n’est question ici que d’une simple théorie eugéniste ? Il estpermis de supposer que l’accouplement de parents excellents n’est pas directement la cause de l’excellence de leur descendance. Si l’on relie ce fait à la théorie de la métempsychose exprimée dans le mythe d’Er le Pamphylien, il serait plus juste de parler de « prédestination platonicienne ». En effet, des âmes ayant déjà pratiqué une vie vertueuse au cours de leurs existences passées auront…