La position de l’intervenant en séance de psychomotricité
CPSE – Psychomotricité
Didactique d’intervention psychomotrice
Cours de E CASTRO
Travail présenté par
Luc HAVARD
Evolution de ma place en séance de psychomotricité.
Le signal vient d’être donné. Les enfants s’égaillent à travers la salle dans un joyeux désordre. Un grand nombre d’entre eux fonce directement vers le fond et investit le toboggan adossé aux espaliers. Toussemblent m’ignorer. Je ne m’en soucie guère et me dirige vers le centre de la salle à proximité de l’endroit où sont concentrés les mousses de type « Aucouturier ». Je me place de façon à avoir une vue aussi générale que possible sur ce qui se passe, sur les jeux divers qui s’installent, et sur les autres stagiaires intervenant avec moi ce jour là. Eux aussi ne semblent pas encore avoir été accaparéspar les bambins. C’est ainsi que Christelle se retrouve près de moi un long moment, immobile, à attendre. Notre passivité contraste avec l’agitation générale. Je ne m’inquiète toujours pas, pleinement conscient qu’il ne sert à rien de m’engager tant que les enfants ne sont pas demandeurs. Je m’assieds en « seiza », le dos bien droit, à la façon des asiatiques quand ils pratiquent le «zen », mecontentant d’observer la scène. Progressivement je me laisse imprégner par l’ambiance, attentif à la moindre de mes sensations.
Il fait beau et, même si en ce matin de Mars le froid est encore vif dehors, je sens les rayons du soleil me caresser la peau d’une douce chaleur. Je remarque l’espace de verdure au dehors. Les arbres, aux branches encore dénudées mais où apparaissent déjà desembryons de feuilles. Il y a une légère brise qui les fait vibrer comme les corde d’une guitare quand elle laisse mourir ses notes. J’en ressens les frémissements jusqu’au plus profond de mon ventre, au plus profond de mon corps, au plus profond de mon âme…
J’ai besoin de cet instant pour me détendre après le stress habituel du matin : Lever tôt ; course pour conduire mon épouse à la gare àtemps pour son train ; course ensuite pour rentrer à la maison préparer le petit déjeuner des enfants ; course encore pour les conduire à l’école ; course toujours pour traverser la ville à travers les embouteillages et arriver sur le lieu de stage ou je stresse parce qu’il n’y a plus de place de parking… Stressé, je le suis surtout parce que j’arrive en retard et que mes collègues ont déjà installétout le matériel dans la salle, à leur convenance, que le briefing leur a été donné sans moi, et qu’il va falloir que je m’adapte… M’adapter, je peux… Décompresser, je le peux aussi! Il faut que j’évacue ce stress pour fournir une intervention de qualité. Je sais que je dispose d’un peu de temps avant que les enfants ne s’intéressent à moi.
Alors je me relâche. Je me laisse aller et jecontemple le chemin parcouru depuis cette première séance avec des enfants, il y a deux ans à l’institut Sainte-Marie. J’étais alors très mal à l’aise. Ignoré par les enfants, je me sentais un peu frustré, inutile, comme une grande potiche au milieu d’un jeu de quilles, en un mot : Impuissant !!! De surcroît je me sentais observé par mes collègues et avait envie de leur montrer ce dont j’étaiscapable. Désireux d’intervenir à tout prix j’étais tenté de forcer l’attention des enfants. Aujourd’hui j’ai bien intégré cette donnée fondamentale : Il ne sert à rien d’intervenir trop vite ; cela peut fausser le jeu en induisant des choses propre à ma structure psychique et à mes fantasmes inconscients. La séance appartient aux enfants et doit rester la leur, pleinement et sans restrictions. Quandles enfants seront prêts, ils viendront me trouver et je sais que, le plus naturellement du monde, les choses se passeront bien. J’ai définitivement fait mien ce vieil adage boudhiste : « Tirer sur leur feuilles ne fait pas pousser les arbres » ! Il sera désormais l’un de mes leitmotivs en séance de psychomotricité.
Alors j’observe et j’attends, pleinement serein. Je suis disposé à rester…