La pensee economique
La naissance du libéralisme au 18ème siècle : un projet de société indissociable de l’utopie des Lumières
(2 séances de cours + 1 séance de débat). Intervenant : Jean-Robert ALCARAS, Economiste.
• • • • Séance n°1 : le 24 Octobre Interruption vacances de Toussaint Séance n°2 : le 7 Novembre Séance n°3 (débat-discussion) : le 14 Novembre
Résumé : La question du libéralisme est évidemment aucœur des conceptions contemporaines de la liberté… L’idée d’un régime prônant la liberté de tous et de chacun est généreuse ; la réalité est souvent plus discutable… mais pour se prononcer, il faut d’abord se poser la question de quel libéralisme parle-t-on ? Jean-Robert Alcaras propose ici de revenir sur la genèse du libéralisme au 18ème siècle, comme libéralisme total (politique, moral etéconomique) indissociable de la philosophie des Lumières. Fabienne Dourson reviendra plus tard sur les différentes évolutions du libéralisme jusqu’à aujourd’hui. INTRODUCTION Si la liberté se définit comme « puissance de la volonté » (c’est-à-dire vouloir et pouvoir faire ce que l’on veut), alors… comment vivre en paix et dans l’harmonie sociale dans une société constituée par des individus auxquels onaccorde une grande liberté ? Autrement dit, la paix et la sécurité (des biens et des personnes) sont-elles compatibles avec un régime de libertés individuelles les plus étendues possibles ? Cette question, c’est l’une des questions centrales — pour ne pas dire LA question — qui est au cœur de la problématique de la modernité. Ce que je voudrais montrer durant ces deux séances de cours, c’est que lelibéralisme — pas seulement économique — est une des réponses possibles à cette question. Mieux encore : c’est peut-
être même la seule réponse pragmatiquement faisable que la modernité ait réellement trouvé à ce problème — avec toutefois la possibilité de constater de grandes nuances entre les différentes versions qui se sont ensuite inspirées, au 19ème et au 20ème siècles, du projet libéraloriginel !!! Je vous proposerai donc comme principale conclusion la proposition suivante : sauf exception notable (ce qui est le cas des anti-modernes ou du moins des pensées critiques face à la modernité, comme celle de H. Arendt), et contrairement à ce que l’on entend souvent en France, nous sommes (presque) tous des libéraux au sens originel du terme — même ceux qui parmi nous se définissentcomme… des anti-libéraux ! Pour arriver à ces conclusions, il faudra d’abord que nous nous entendions sur les termes qui seront ici employés : de quel libéralisme parle-t-on ? A quelle modernité fais-je référence ? 1. Libéralisme ? Je ne vous parlerai pas ici, dans le cadre de ces 2 conférences, de n’importe quel libéralisme ! Car (on y reviendra avec Fabienne Dourson un peu plus tard) il n’y a pasqu’un libéralisme… et le mot est assez vague en soi, il est polysémique, c’est-à-dire qu’il évoque des choses différentes selon les moments, et selon les endroits aussi. Ainsi, par exemple, le mot « libéral » qualifie clairement une attitude « de gauche » aux USA… et une attitude « de droite » en France ! Et cela ne provient pas seulement du caractère confus de la distinction droite-gauche, ni dela différence entre les conceptions politiques de part et d’autre de l’Atlantique… mais surtout d’un sens différent donné au même mot lui-même de part et d’autre de l’Atlantique. Je vous parlerai ici du libéralisme originel, celui qui est né à la fin du 18ème siècle en Europe (à noter : c’est une idée franco-anglaise !
Comme quoi, l’entente cordiale…). Et je vous présenterai ce libéralismeoriginel comme une utopie sociale globale. • Une utopie sociale, au sens où il s’agit d’un projet de société fondé sur un certain nombre d’hypothèses (notamment sur la capacité des hommes à vivre ensemble tout en étant libres) dont nous ne serons jamais sûr de les vérifier dans la réalité, mais qui nous montre la voie à suivre… • Une utopie globale, dans la mesure où le libéralisme est un système…