La modernité baudelairienne

décembre 26, 2018 Non Par admin

Dina CASSIM
FR869

La dualité dans le concept de la modernité baudelairienne

« Il faut être absolument moderne », disait Rimbaud. Le concept de la modernité fut inventé par Charles Baudelaire. Il se situe entre deux courants littéraires de l’époque : le parnasse et le romantisme. Avec son concept de modernité, il réussit à éviter la rigueur parnassienne ou les excès sentimentaux desromantiques. Il définit la modernité dans Le Peintre de la vie moderne comme un moyen de “ dégager de la mode ce qu’elle peut contenir de poétique dans l’historique, […] tirer l’eternel du transitoire”. Sorte de précurseur du symbolisme avec sa théorie des correspondances, il joue avec les signes. La forme de ses poèmes elle aussi est animée par une double énergie : entre un certain classicisme avecce choix de l’alexandrin et du sonnet principalement ( chose que lui reprochera Rimbaud : “les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles”) et un nouveau pannel de thèmes ayant un rapport avec le morbide, cherchant a choquer la bourgeoisie (Caïnisme ou Satanisme). Il choisit de faire une poésie de la souffrance, du mal. C’est donc une nouvelle voie qui surgit. Le spleen, force créatricechez Baudelaire reste néanmoins une sensation destructrice. Ce n’est pas pour rien que la dernière section des Fleurs du Mal est la mort. La première étant Spleen et Idéal, tout part du spleen. Dans Spleen et Idéal, la définition de la beauté est un habile mélange entre l’idéal antique et l’idéal moderne, qui est morbide et amoral. Baudelaire admire l’antiquité (on le voit surtout dans son poème“J’aime le souvenir…”) mais il est nostalgique de cet idéal puisqu’il sait qu’on n’arrivera plus à égaler ce niveau. Derrière les associations de concepts antithétiques et les contradictions, quelle est l’unicité qui se cache derrière un dualisme de la définition de la modernité chez Baudelaire ? Si il y a deux exemples de héros, il n’y a qu’une seule définition du héros moderne. De même, si lathéorie est caractérisée par deux conditions fondamentales et contraires, la voie qui mène à la modernité reste unique. Enfin, Baudelaire esthéticien et poète ne se contredisent finalement pas.

Malgré une paradoxalité évidente chez Baudelaire dans sa théorie de la modernité, définie dans son Salon de 1846, il est parfaitement accepté que son explication reste non seulement cohérente mais aussiparticulièrement originale. Une des particularités propres à cet écrit reste son intention qui a maintes fois été interprétée de façon erronée. Car ce qui crée l’ambivalence de la part des critiques, c’est certainement cette abilité qu’a Baudelaire à exprimer son opinion de manière contrastée, voire contradictoire. Il est apparu qu’en réalité, Baudelaire change de ton au fil de ses idées : parfoisironique lorsqu’il veut s’adresser à cette bourgeoisie qu’il déteste, il se montre particulièrement sérieux quand il s’agit de parler aux artistes. La difficulté principale réside sûrement dans le fait qu’il faille déceler cette ironie baudelairienne pour ne pas interpréter son message de façon erronée. C’est ce que nous explique Dolf Oehler dans son article « Le caractère double de l’héroïsme et dubeau moderne » . En effet, celui-ci cite l’exemple du dernier chapitre de l’ouvrage et affirme que Baudelaire « prône l’héroïsme moderne d’une façon elliptique, allusive et même hypocrite ». Le principal défaut si l’on peut dire que tant de critiques ont trouvé à redire dans cette fin est cette pauvreté de l’argumentation que même Walter Benjamin lui a reproché. Prenons par exemple cetarticle de Charles Asselineau dans Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre : « Par malheur, le dernier chapitre, la conclusion, De l’héroïsme de la vie moderne, ne conclut pas… L’argumentation faiblit dans la définition de ce beau moderne tant préconisée, et de la révolution qu’il est appelé à produire dans les arts plastiques. Ici on pouvait se plaindre que l’affirmation remplaçât trop…