La marge de tolérance à l’époque de l’islam classique
L’Islam classique est à cet égard exemplaire. Sur le plan intellectuel, sa période formative a été marquée par le pluralisme. L’élaboration des systèmes dogmatique et juridique, qui a duré deux outrois siècles, s’est effectuée dans une atmosphère de débat où se sont confrontées les opinions les plus diverses, où l’on peut suivre les traces d’un très vaste spectre de doctrines religieuses etphilosophiques. Un des meilleurs témoignages de ce pluralisme est la profusion et la diversité des traditions attribuées à Mahomet, qui se comptaient par centaines de milliers avant la formation descorpus des traditions dites » authentiques « . La fraternité entre les hommes, l’invitation à la connaissance mutuelle, l’égale dignité des individus, des groupes et des peuples sont exaltées en se fondantsur le Coran et la tradition prophétique. En plus de l’affirmation coranique selon laquelle les hommes sont les vicaires de Dieu sur terre, on pouvait invoquer des citations du genre :
Dieu vous acréés et disposés en peuples et en tribus, afin que vous vous connaissiez les uns les autres. Le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est celui qui le craint le plus.
Rien ne différencie un Arabed’un non-Arabe si ce n’est la crainte de Dieu.
Il n’y a nulle contrainte en matière de religion.
Un philosophe comme al-Fârâbî a réhabilité l’utopie politique de la » cité vertueuse « , alorsqu’Averroès a tenté de définir les champs respectifs de la foi et de la raison. Enfin, un mystique comme Ibn ‘Arabî a peut-être donné à l’esprit de tolérance et d’amour son expression la plus claire et laplus élevée, comme dans ces vers :
Désormais mon coeur est ouvert à toutes les formes : prairie pour les gazelles, il est aussi monastère pour les moines ; temple pour les idoles et Kaaba pour lepèlerin, il est aussi tables de la Torah et feuillets du Coran. Je professe la foi de l’amour ; où qu’il se trouve, l’amour est ma religion et ma foi[2].
Par ailleurs, la culture islamique s’est…