La guerre d’otto dix
Présentation de l’œuvre « La guerre » peinte par Otto Dix. Art, état et pouvoir.
Guerre, la [Otto Dix], triptyque d’Otto Dix, réalisé dans les années 1929-1932.
L’œuvre, composée d’untriptyque (technique mixte sur bois ; panneau central : 204 × 204 cm ; panneaux latéraux : 204 × 102 cm ; prédelle : 60 × 204 cm ; Gemäldegalerie Neue Meister, Dresde), décrit trois moments d’une journée deguerre. À gauche, les soldats d’une colonne militaire s’avancent dans la brume matinale, sous un ciel menaçant. Au centre, au moment le plus fort de la journée, le carnage est décrit dans sonparoxysme : au milieu des cadavres se tient l’unique survivant doté d’un masque à gaz, sur fond de désolation apocalyptique. À droite, un homme — autoportrait du peintre — secourt un blessé, sous la lumièrede la lune qui leur donne un aspect fantomatique. Dans la prédelle, sous le panneau central, des hommes sont allongés sans vie, comme ensevelis, dans un chromatisme morbide. Au terme d’un longtravail de croquis et d’esquisses, la Guerre a été exécutée en glacis dont les fines couches transparentes donnent une facture lisse et glacée qui s’interdit de transposer l’émotion de la réalité.L’épreuve de la Première Guerre mondiale, pour toute une génération, a fait passer les spéculations esthétiques au second plan, et resurgir la nécessité d’un réalisme qui, chez Otto Dix, tient d’une sorted’hallucination visionnaire. Il y mêle l’intensité de l’expressionnisme, l’esprit sans concession de Dada et la dureté de la « Neue Sachlichkeit » (Nouvelle Objectivité) qui ont marqué les étapesantérieures de sa peinture. Déjà montrée comme un enfer, où les victimes ne laissent aucune place aux héros (série des gravures de la Guerre parue en 1924), la guerre ajoute en horreur au monde factice etcruel des bourgeois (triptyque de la Grande Ville, 1927-1928, Galerie der Stadt, Stuttgart). Plutôt qu’une accusation virulente exprimée par exemple chez George Grosz, Otto Dix fait part de sa…