La diminution de l’intervention de l’ etat est-elle une source de croissance économique ?
La diminution de l’intervention de l’ Etat est-elle une source de croissance économique ?
Faisant suite à trente années de croissance exceptionnelle, le début des années 1970 ouvre une période plus tourmentée: ralentissement de la croissance, chômage en hausse, déficits publics croissants… Les politiques économiques d’inspiration keynésienne, qui avaient fortement influencé lesgouvernements des pays industrialisés après la Deuxième Guerre Mondiale, ne semblent plus capables de faire face à ces difficultés. Plus encore, sous la pression conjuguée des économistes libéraux, ces politiques sont remises en cause, accusées d’entraver le bon fonctionnement des marchés, d’être trop coûteuses et en fin de compte d’aggraver la crise. Les politiques économiques se trouvent donc modifiéesdans le sens d’un désengagement de l’État: déréglementation, privatisation, allègement de la fiscalité… sont devenus les nouveaux objectifs de la politique économique.
Néanmoins, on peut s’interroger sur l’impact de telles stratégies sur la croissance; la diminution de l’intervention de l’État peut-elle permettre aux pays industrialisés de renouer durablement avec une croissanceéconomique forte ?
Nous verrons donc dans un premier temps en quoi la baisse de l’intervention de l’État peut être considérée comme facteur de croissance économique, puis nous montrerons que le rôle de l’État en tant que soutien de la croissance reste indiscutable.
De manière générale, selon les économistes libéraux se situant dans la lignée d’Adam Smith, l’intervention de l’État est néfastepour la croissance économique. Réactivées à la fin des années 1970, les politiques libérales envisagent donc un retrait de l’État pour renouer avec une croissance forte et durable.
Adam Smith a développé l’image de la main invisible : le marché est comme guidé pour la satisfaction de tous. Si chaque individu ne cherche que son propre intérêt, les facteurs de production seront utilisés au mieux,la production sera maximale et les individus satisfaits. Le fonctionnement du marché permet une adaptation rapide aux changements de goûts des consommateurs, favorise les innovations grâce à la concurrence, et l’Etat ne doit pas gêner ce fonctionnement. l’intervention de l’État dans le domaine économique est inefficace car elle contrarie l’application des mécanismes de marché qui conduisentautomatiquement à l’équilibre grâce à la « main invisible ».
Pour les économistes libéraux, la crise de 1975 est due à l’Etat : par ses prélèvements, il réduit la production. L’excès de prélèvements obligatoires exercerait un effet dissuasif sur l’activité des entreprises et des ménages (courbe de Laffer). En effet, une taxation trop lourde des bénéfices des entreprises décourageraitl’investissement, l’imposition des, revenus issus de placements financiers serait peu favorable à l’épargne… De même, des prélèvements obligatoires trop élevés seraient peu incitatifs au travail… Il faut donc laisser l’initiative privée libre; le marché du travail, par exemple, ne peut plus trouver d’équilibre sans chômage si l’Etat impose un salaire minimum ; les entreprises n’investissent pas sil’épargne est insuffisante, il faut donc favoriser celle-ci en supprimant les réglementations.
Les théories classique et néoclassique remettent donc en cause les interventions de l’Etat. Elles se traduisent par de nouvelles politiques à partir de 1979 : diminuer l’importance des interventions de l’Etat, réduire l’inflation par la politique monétaire.
Le « tournant » libéral s’opère en GrandeBretagne (Thatcher 1979) et aux Etats-Unis (Reagan 1980). Il interviendra en France et plus tard (après 1983) et de façon moins forte. On peut distinguer deux grands « volets » à ces politiques : suppression du salaire minimum, libéralisation du secteur public et réduction des impôts.
La première forme d’intervention de l’Etat est l’instauration de règles (les lois et réglements) qui…