La bete humaine
Chap. 6 – Poche p. 207
Depuis quatre mois déjà, Jacques et Séverine vivaient ainsi, d’une passion croissante. Ils étaient véritablement neufs tous les deux, dans l’enfance de leur cœur,cette innocence étonnée du premier amour, ravie des moindres caresses. En eux, continuait le combat de soumission, à qui se sacrifierait davantage. Lui, n’en doutait plus, avait trouvé laguérison de son affreux mal ; car, depuis qu’il la possédait, la pensée du meurtre ne l’avait plus troublé. Était-ce donc que la possession physique contentait ce besoin de mort ? Posséder,tuer, cela s’équivalait-il, dans le fond sombre de la bête humaine ? Il ne raisonnait pas, trop ignorant, n’essayait pas d’entrouvrir la porte d’épouvante. Parfois, entre ses bras, ilretrouvait la brusque mémoire de ce qu’elle avait fait, de cet assassinat, avoué du regard seul, sur le banc du square des Batignolles ; et il n’éprouvait même pas l’envie d’en connaître lesdétails.
L’affaire est classée. Le couple tente d’oublier le crime et de vivre avec leur culpabilité : Roubaud s’investit davantage dans son travail et le jeu, tandis que Séverine se réconfortedans les bras de Lantier. Jacques auprès de sa nouvelle maitresse se croit définitivement guéri de sa folie.
Chapitre 6 : L’affaire est définitivement classée. Roubaud travaille sanssoucis. Il pense cependant constamment à l’argent pris sur le corps de Grandmorin, que les Roubaud s’étaient jurés de ne jamais utiliser. Jacques devient l’amant de Séverine. Grâce à cette union,Jacques se sent mieux, se croyant guéri de sa « fêlure ». Séverine y découvre la passion charnelle. Ils vont désormais chaque vendredi ensemble à Paris. Roubaud est au courant de tout, maislaisse faire. Il s’adonne à la boisson et au jeu. Il trahit finalement sa promesse : il utilise l’argent du meurtre pour le jeu. Séverine se dispute avec lui. Elle hait désormais son mari.