Jacob riis et new york

septembre 14, 2018 Non Par admin

«The bad almost inevitably drag down the good; and the good have not the chance to lift up the bad».
J. O. S. Huntington, 1887.

Depuis la Guerre de sécession, des réformistes prennent d’assaut les tribunes publiques. D’une part, il y a ceux qui revendiquent des droits pour les Noirs, d’autre part, ceux qui militent pour des conditions de travail décentes et entre les deux, ceux quis’interrogent sur l’urbanisation et ses effets1. Parmis ces réformistes, certains trouveront une façon originale de percevoir le pays et ses citoyens. Jacob Riis est un de ceux-ci. Ce journaliste de métier présente la ville de New York à travers une série de clichés pris dans les bas-fonds de la ville. Le choix de New York est d’autant plus frappant alors que cette ville devient le centre névralgique desÉtats-Unis. L’immigration transige massivement par le port de New York, le phénomène du gratte-ciel prend de l’ampleur, les riches newyorkais sont plus nombreux alors que les grandes fortunes américaines apparaissent, Wall Street devient le plus important centre économique d’Amérique et le déplacement des populations selon l’origine ethnique est de plus en plus marqué. Le phénomène social lié àl’émancipation de la ville de New York apporte son lot d’infortunes que les moins biens nantis, les travailleurs à la petite semaine, subissent. Muni de sa caméra, le journaliste danois met en relief cette pauvreté et ces conditions inhérentes à l’abouttissement d’une société fortement industrialisée, «ainsi Jacob Riis dénonça-t-il en 1890 les conditions de vie dans le quartier new-yorkais du LowerEast Side dans un ouvrage au retentissement considérable, How the other half lives, [ … ]2». Il permet ainsi à ses contemporains de constater le fossé entre riches et pauvres, le clivage entre deux types de population et entre deux perceptions de la ville de New York. En quoi les clichés de Jacob Riis permettent-ils de le considérer comme un réformiste à compter de 1890? Afin de comprendre l’impactde Riis sur la société américaine, nous survolerons une perception fortement répandu, celle du self made man par la symbolique émergente du gratte-ciel. Afin de bien situer le contexte, nous établirons quelques données sur l’immigration, sur l’établissement des quartiers pauvres et sur le développement du phénomène de ghettoïsation. Nous poursuivrons ensuite avec un aperçu de la vie des enfantspauvres avant de soumettre notre conlusion sur l’aspect réformiste du travail de Riis.

Pour les américains qui vivent à l’ère des transformations industrielles, la réussite est une finalité accessible pour tous. La notion du rêve américain est fortement implantée dans les mentalités et les élites entrepreneuriales et marchandes traduisent bien ce rêve par leur émergence. Ce nouveau groupeélitaire «recherche un symbole de légitimité culturelle, de statut social et de pouvoir économique3». À New York, ils trouveront ce symbole dans le gratte-ciel. Cette élite de nouveaux marchands se perçoit elle-même comme des princes économiques et par conséquent, souhaite démontrer sa puissance à ses compétiteurs comme à ses partenaires. «Les princes marchands ont choisi de situer leurs structuressymboliques sur Broadway puisque cette rue est plus large, plus longue, présente une position centrale et occupe une place proéminante dans le bas Manhattan4». Avec le développement de l’ascenseur et conséquement au développement du secteur de la métallurgie et de la structure d’acier qui permirent la viabilité de la construction en hauteur dans les années 1870, les marchands choisissent de logerleurs entreprises commerciales et administratives dans des immeubles plus haut et mieux ornés. Cette possibilité «de l’immeuble en hauteur offre aux marchands et entrepreneurs une nouvelle forme d’expression de leur promotion au rang d’élite5». Les premières industries à afficher leur puissance par le gratte-ciel sont issues du domaine journalistique. À l’image des dirigeants des grands…