Into the wild de sean penn
Débat au cinéma Olbia sur Into the wild
Le jeudi 21 octobre 2010
On a essayé de partir de la parole de Supertramp. Trois thèmes lui semblent importants :
– nommer les choses par leur nom, bien nommer les choses, les nommer dans leur vérité
– la vérité comme valeur, recherche, supérieure à toute autre, en quoi il est sur le terrain de la philosophie, de la métaphysique quispécule sur le Tout de la Réalité
– la nature de l’homme, être de besoins devenus artificiels
À cela on peut ajouter pendant son installation dans le bus magique, un jeu avec le père jusqu’à ce propos « et si je souriais, si je me jetais dans vos bras, verriez-vous ce que je vois maintenant ? »
Dans son chemin (il emploie le mot, « ce qui compte c’est le chemin » dit-il), qu’a-t-il cherché ?qu’a-t-il trouvé ?
Il me semble que la discussion avec Ron en haut de la montagne, un peu son discours sur la montagne comme Jésus, est édifiante : c’est lui qui éduque Ron, qui le fait réfléchir sur le mystère qui nous environne, qui nous est inconcevable, irreprésentable, que Ron appelle Dieu, lumière divine ce qui fait réagir Christopher : « nom de dieu ».
Quelles attitudes par rapport à cemystère, sentir que quelque chose nous dépasse, dépasse notre raison « une vie gouvernée par la raison ne serait pas une vie » dit-il dans les gorges du Colorado,
– la science le rejette : elle est raison instrumentale, objectivant la nature dont elle veut être maître et possesseur (projet de Descartes qui nous a éloignés de la nature) ;
– la religion reconnaît ce mystère mais lerationalise en le nommant : Dieu, et en proposant à l’homme une conduite par rapport à Dieu (notons au passage que si nous nommons ce mystère : Dieu, nous ne concernons que les croyants, nous excluons les non-croyants, l’expérience de Dieu par les croyants ne relevant pas de la raison mais de la foi)
– d’où question : quelle mystique pourrait être universelle ? la seule expérience commune àtous les hommes n’est-elle pas celle de la nature, pas équivalente à la Nature ? donc une mystique de la nature, de la Nature, une mystique naturaliste. Les livres lus par Christopher sont des livres relevant d’une telle mystique : Tolstoï, London, Thoreau (Walden, éd. Les mots et le reste, août 2010). Je rajouterai : Marcel Conche (Présence de la Nature, PUF)
Par rapport à ce mystère, quellepeut être la place de l’homme, une attitude juste ?
La critique de l’homme comme être de besoins artificiels devient nécessaire ainsi que la rupture avec les modèles de comportement majoritaires (consommation, consumérisme, conformisme, carriérisme…) mais aussi minoritaires (le couple de hippies, Ron…). Il y a un radicalisme de Christopher en recherche de la juste place de l’homme dans la nature,seul.
La phrase finale : le bonheur n’est réel que partagé, fait question, semblant contredire tout le chemin pour se retrouver, alone, into the wild. On a pu croire qu’il voulait revenir vers les siens, il avait promis à Ron de le revoir à son retour d’Alaska ; il n’était pas parti pour ne pas revenir. Pendant son séjour d’ermite dans le bus avec des occupations quotidiennes nécessaires (êtreau plus proche des vrais besoins de l’homme), il consacre du temps à la lecture et à l’écriture : il écrit pour témoigner, pour les autres. Il m’a semblé que son récit allait moins profond que celui de sa sœur Carine. Le bonheur partagé c’est le bonheur d’être en harmonie avec ce qui vit, ce qui existe et qui l’entoure dans ce coin sauvage de nature en Alaska. Il a refusé toutes les autres formesde bonheur et s’il revient ce sera pour partager avec les autres cette découverte qu’il possède déjà quand il parle à Ron, lui disant que le bonheur n’est pas dans les rapports humains mais dans un changement de point de vue qui fait voir autrement ce qu’on ne voit plus.
Être seul, vivre seul a posé problème. À quoi, j’ai montré plusieurs choses :
– nous sommes fondamentalement…