Gestion de stock
Ce n’est pas parce qu’un stock semble reposer en paix au fond de son entrepôt qu’il ne coûte rien. Il serait malvenu de ne considérer que les frais de logement du stock qui ne représentent que la partie émergée du glaçon (soyons modestes, les icebergs n’ont pas le monopole des parties émergées). Il faut ajouter des frais financiers, de passation de commande et le coût des ruptures.
Les coûtsde possession, de logement ou de détention (carrying ou holding costs)
Le stock doit être protégé contre des facteurs aussi divers que l’humidité, le vol, l’incendie, les rongeurs, les insectes… Bref, tout un inventaire très varié (soyons modestes, n’invoquons pas systématiquement Prévert qui n’a d’ailleurs pas le monopole des inventaires).
Pour cela, l’entreprise achète desdéshumidificateurs et de la mort-aux-rats, paie des gardiens et des polices d’assurance, loue des entrepôts… (même remarque).
Impact sur le besoin en fonds de roulement
Mais peut-être davantage que ce qu’il coûte, il faut calculer ce que le stock a coûté. Car l’entreprise a acheté ou produit avant de stocker, donc mobilisé des ressources qui auraient pu être mieux employées ou même ne jamais exister… Queldommage d’avoir payé des agios sur un découvert rendu nécessaire pour honorer à temps la facture d’un fournisseur dont la marchandise s’entasse aujourd’hui dans l’arrière-boutique !
En effet, la variation positive d’un stock fait partie du besoin en fonds de roulement. Il faut non seulement payer les fournisseurs mais, s’il s’agit de produits finis, financer le processus de production. Or, unbesoin doit être couvert par le fonds de roulement (capitaux, emprunts à long ou moyen terme, capacité d’autofinancement) ou sinon par une trésorerie passive (découvert bancaire, facilités de caisse…). Dès lors que trop d’articles sont stockés, c’est de l’argent qui a été mal utilisé. Lorsqu’un mauvais gestionnaire déclare que de toute façon l’entreprise est hyper capitalisée et qu’il n’est pas gravede garder des stocks pléthoriques, il n’évalue pas le manque à gagner : les capitaux ou la trésorerie mobilisés auraient pu être investis en actions, en obligations ou sur le marché monétaire au lieu d’attendre des jours meilleurs sur des palettes…
La somme des deux catégories de coût que nous venons de voir, de logement et financier, constitue le Coût de Possession des Stocks (CPS).
Le Coûtde Passation des Commandes (CPC)
Appelé aussi frais d’acquisition (ordering cost), il a peut-être lui aussi été payé trop tôt. Mais ce n’est pas le plus important. Son intérêt réside dans sa prise en compte pour la gestion des stocks.
En effet, l’existence d’un coût fixe par commande incite à limiter ces dernières. Sauf que plus on diminue le nombre de commandes, plus les stocks sontimportants. Là encore, tout l’art du gestionnaire consiste à trouver un optimum…
Petite précision : l’expression « passation des commandes » laisse supposer que nous nous situons forcément un cadre d’approvisionnements. Mais le problème est le même pour les produits finis : il existe toujours un coût pour passer d’une production à une autre (réglage de machines, réorganisation…).
Que sont cesfrais ?
Surtout des rémunérations (salaires et charges sociales) du service approvisionnement mais aussi de la comptabilité. La multiplication des livraisons accroît aussi les frais de transport, le nombre de litiges envisageables, les contrôles…
Pour le calcul des rémunérations à affecter à une commande, on divise la masse salariale des personnes concernées par le nombre de factures. Il esttoujours possible de différencier les temps de traitement. Prenons un exemple. La masse salariale annuelle des personnes chargées des approvisionnements est de 35 000 u.m (unités monétaires). Un comptable travaille à 50 % de son temps sur les approvisionnements et sa rémunération annuelle avec charges s’élève à 24 000 u.m. Au cours de l’année dernière, il a été passé 100 commandes de fournitures…