Géopolitique de l’eau en chine

novembre 29, 2018 Non Par admin

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Géopolitique de l’eau en Chine

Par Franck GALLAND*, le 22 avril 2009 [pic] [pic]

* Directeur de la sûreté de Suez Environnement. Il vient de publier L’Eau : géopolitique, enjeux, stratégie, aux éditions du CNRS (2008)
Le vice-ministre chinois de la Construction, Qui Baoxing, a parlé dans un forum organisé au Henan « de lacrise d’eau la plus sérieuse et urgente du monde » Pourquoi ?
Dans le cadre de ses synergies géopolitiques, le diploweb.com est heureux de vous présenter un article publié dans le n°15 de la revue Monde chinois, automne 2008, pp. 7-19. Cette revue est publiée à Paris par les éditions Choiseul.
FIDELE à son profil économique et démographique d’exception, la Chine concentre tous les paramètres de ladémesure en matière environnementale. Grand pays par le nombre (1,305 milliard d’habitants) et la taille (9,6 millions de km2), la Chine est relativement peu pourvue en eau douce. Si sa population représente 21 % de la population mondiale, le pays ne dispose que de 7 % des ressources en eau douce de la planète.
Le premier constat qui peut être fait est qu’il existe une très forte inégalité de lapopulation chinoise par rapport à la ressource en eau. Si la Chine du sud concentre 80 % des ressources en eau et 55 % de la population du pays, la Chine du nord s’apparente à un parent pauvre : elle possède moins de 15 % de l’eau disponible tout en hébergeant 45 % de la population chinoise. Les statistiques montrent en particulier que certaines provinces du nord disposent de moins de 500 m3 d’eaupar habitant et par an, ce qui les place bien en deçà du seuil de stress hydrique et au même niveau que des pays comme l’Algérie (478 m3 d’eau par habitant et par an) et Djibouti (475 m3 d’eau par habitant et par an).
C’est ensuite en Chine que les ressources en eau disponibles déclinent le plus rapidement. Selon l’ingénieur en chef Liu Ning, plus de 90 % des cours d’eau, y compris le fleuveJaune, sont asséchés une partie de l’année. Comparée à 1950, la superficie des lacs chinois a par ailleurs diminué de 15 % et celle des marais naturels de 26 % [1]. La partie nord de la Chine, et surtout le nord-est, est la plus touchée par un manque d’eau chronique. Une ville comme Pékin est en particulier concernée par cette rareté, et a dû à l’été 2000 procéder à un rationnement de cette denréeessentielle.
La pollution de l’eau est malheureusement un autre paramètre à prendre en compte. En terme d’eau de surface, les mesures de qualité effectuées en 2005 à travers 2000 segments montrent que 25 000 km de rivières ne répondent pas aux normes de qualité standard et que 90 % des sections de rivière en bordure des grandes villes sont sévèrement polluées [2]. Sur un contrôle réalisé en 2004,trois lacs (Taihu, Chaohu et Dinachi) n’arrivaient pas à atteindre le niveau minimal de qualité des eaux.
Plusieurs raisons expliquent ces seuils de pollution. La première explication tient à l’usage extensif et sans contrôle de pesticides agricoles par une agriculture chinoise qui doit relever le défi d’alimenter 1,31 milliard de personnes, le tout dans un contexte de pénurie d’eau qui a d’oreset déjà conduit à une décrue significative de la production céréalière.
Le manque cruel de capacités de traitement des eaux résiduaires apporte une seconde explication à cette situation. Environ un tiers des rejets industriels et deux tiers des rejets domestiques chinois seraient en effet déchargés sans aucun traitement primaire. Selon l’administration pour la protection de l’environnement (SEPA –State Environmental Protection Administration), en 2003, seulement 40 % des 669 villes de plus de 100 000 habitants disposaient de stations d’épuration, alors que la quantité d’eau usée produite progressait au rythme de 5 % l’an, atteignant le chiffre de 46 milliards de m3 (46 % sont d’origine industrielle et 54 % d’origine urbaine) [3]. Jusqu’en 1999, la Chine ne totalisait également que 266…