Francais
Le Roman de la Rose : le jardin des vices et des vertus. Le narrateur arrive au verger, jardin fabuleux entouré d’un mur carré, sur lequel sont peintes différentes allégories : haine, félonie,vilenie, convoitise, avarice, envie, tristesse, vieillesse, papelardise, pauvreté.
Le dernier portrait était celui de Pauvreté qui n’aurait pas disposé d’un seul denier, quand bien même on dût lapendre et qu’elle vendît ses habits au prix fort, car elle était nue comme un ver. Si le temps avait était tant soit peu mauvais, je crois qu’elle aurait péri de froid, ne portant qu’un vieux sac étroit,tout rapetassé de haillons : c’étaient ses habits et son manteau. Elle n’avait rien d’autre à se mettre : elle pouvait trembler tout à son aise. Un peu à l’écart des autres, comme un pauvre chien dansun coin, elle se tenait accroupie et tapie, car un misérable, où qu’il soit, est toujours chassé et méprisé. Puisse être maudite l’heure où le pauvre fut conçu ! Jamais il ne sera bien nourri ni bienvêtu ni bien chaussé ; on ne l’aime pas, ni on ne le favorise.
J’examinai bien ces portraits qui, comme je l’ai rappelé, étaient peints d’or et d’azur sur toute la longueur du mur, lequel étaithaut et formait un carré ; il servait à fermer et à clôturer, à la place de haies, un verger où jamais n’avait pénétré un berger.
Je commençai à frapper à la porte, incapable de trouver une autreentrée. Je frappai et tapai à coups redoublés, et à mainte reprise j’écoutai pour savoir si j’entendais venir qqn, jusqu’au moment où un guichet de charme me fut ouvert par une noble jeune fille, fortgracieuse et très belle.
Elle avait les cheveux blond vénitien, la chair plus tendre qu’un jeune poulet, le front brillant, les sourcils arqués. L’intervalle entre les yeux, loin d’être petit, étaitplutôt grand, selon de justes proportions. Elle avait le nez bien fait et droit, les yeux brillants comme le faucon, pour séduire les jeunes écervelés. Son haleine était douce et parfumée, son visage…