Fourberie de scapin
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n° 181
Titre : Les fourberies de Scapin (1671)
Auteur : Molière
Niveau : Collège (5e)
Lorsqu’en 1655, Molière se met à écrire ses premières pièces, ce sont des farces : L’Étourdi (1655) et Le Dépit amoureux (1656). Ce genre était très en vogue au XVe siècle en France, mais il avait été peu à peu abandonné par les comédiens français. Les Italiens en revanche perpétuent la traditionjusqu’au XVIIIe siècle, avec la commedia dell’arte. À Paris, dans des foires, les comédiens italiens jouent de petites farces comiques sur des tréteaux de bois, en reprenant toujours les mêmes personnages, reconnus par les spectateurs grâce à leurs masques, leurs costumes, et leurs mimiques ou leurs expressions verbales propres. Arlequin, Polichinelle, Colombine sont les plus connus de cespersonnages. Molière s’inspire de cette tradition pour ses premières comédies, mais il la délaisse ensuite pour écrire des pièces plus sérieuses. Deux ans avant sa mort, il revient à la farce avec Les Fourberies de Scapin. C’est Molière lui-même qui interprète le rôle de Scapin.
ÉTUDE
Les Fourberies de Scapin sont une comédie d’intrigue qui reprend le schéma traditionnel hérité des Italiens : deuxpères bourgeois font obstacle aux menées amoureuses de leurs fils respectifs parce qu’ils les destinent à de meilleurs partis. Le premier, Argante, apprend à son retour de voyage que son fils a épousé une jeune fille sans fortune, alors qu’il lui destinait la fille de Géronte. Quant à Géronte, son fils Léandre veut épouser une jeune fille élevée par des Égyptiens sans naissance ni
n° 181 ?fortune. Les fils sont préoccupés d’amour, et les pères de situation sociale. Grâce aux menées d’un serviteur rusé, Scapin, les jeunes garçons parviennent à leurs fins, en se jouant de leurs pères. Finalement, tout s’arrange car on apprend que Hyacinte est en réalité la fille de Géronte, à qui Argante destinait son fils, tandis que Zerbinette est en réalité la fille perdue d’Argante. Les désirs desfils se trouvent donc être en conformité avec ceux des pères. Registre : le fonctionnement du comique On rencontre, dans Les Fourberies de Scapin, différentes formes de comique : un comique de situation d’abord, en particulier dans la scène 2 de l’acte III, où Scapin enferme Géronte dans un grand sac, soi-disant pour le protéger de ses ennemis, et qu’il en profite pour le rouer de coups ; un comiquede gestes, dans la scène 7 de l’acte II, où l’avare Géronte retient la bourse qu’il doit donner à Scapin, et fait une série de mouvements tandis que la main de Scapin est accrochée à la bourse ; un comique de répétition dans cette même scène, où Géronte répète sans cesse « Que diable allait-il faire dans cette galère ? » ; un comique de caractère enfin, puisque les deux vieillards sont avares etbornés, tandis que les jeunes gens sont aveuglés par l’amour. Le ridicule des personnages est toujours lié à l’aveuglement entraîné par une passion qui les possède : l’avarice, la peur, ou l’amour. Le ridicule des fils apparaît souvent grâce à un dispositif d’opposition entre leur discours passionné et celui des autres – c’est le cas par exemple dans la scène 2 de l’acte I, où Octave raconte sonhistoire avec force détails sans en venir à l’essentiel, tandis que son valet lui coupe la parole pour dire toute l’affaire en quelques mots. Le ridicule des pères apparaît davantage lorsqu’ils deviennent les victimes des ruses de Scapin, qui sait révéler leurs travers en faisant rire les spectateurs à leurs dépens. Le plaisir du spectateur vient alors en partie du fait qu’il est mis en position decomplice de Scapin. Dans la scène 4 de l’acte I, le dispositif choisi par Molière renforce ce sentiment de complicité : Argante se croit seul sur scène et parle, tandis que Scapin commente pour les spectateurs ses paroles en se moquant de sa future crédulité. Une figure du dramaturge comique ? Scapin est donc plus qu’une simple réplique des zanni de la commedia dell’arte. Sans se soucier de…