Folle
Les relations amoureuses sont souvent synonymes de divergences d’opinions. Dans certains cas, ces mésententes peuvent parfois persister et finir par s’aggraver au point de se transformer en rupture. Ceci dit, dans le roman Folle, de Nelly Arcan, le thème de la rupture amoureuse est très exploité au travers les personnages fictifs de Nelly Arcan; de son ex-amant, que nous nommerons le «Français »; et d’Annie, l’ex-amante du Français. Ainsi, la question qui nous intéressera aujourd’hui est de savoir si, dans les pages 197 à 200, Nelly Arcan est une perdante comme Annie, une fille-objet dominée par son amant? Effectivement, Nelly se trouve à être une perdante comme Annie, car celle-ci fait preuve d’une immaturité similaire à celle d’une jeune fille follement en amour avec un garçon, et parceque le Français profitera de l’instabilité psychologique de Nelly pour la dominer.
Nelly Arcan est une perdante, comme Annie, car malgré qu’elle soit âgée de 29 ans, celle-ci fait preuve d’une naïveté et d’une immaturité propre à une jeune fille en état d’adoration devant un garçon. Par conséquent, cette ligne de conduite la vouera nécessairement à l’échec dans sa relation amoureuse. En effet,à la sortie du bar Nova, Nelly Arcan démontre une sorte d’inexpérience en relation amoureuse, qui est absurde pour une personne adulte, lorsque celle-ci est éblouie par le charme du Français : « […] tu m’as embrassé la nuque. Encore une fois, ta beauté m’a frappé […] elle se jetait sur moi d’une façon presque choquante qui me forçait à regarder ailleurs. » (p.198). Le paradoxe frappant ici est lefait que Nelly Arcan ne soit pas capable de regarder le Français. En principe, à la vue d’une belle personne, nous sommes portés à vouloir la regarder. Ainsi, il est assez paradoxal qu’une personne étant physiquement attirée par une autre personne détourne la tête pour ne pas la voir. Ce geste de Nelly est similaire au geste timide qu’une jeune fille en adoration devant un garçon poserait. De plus,dans : « ta beauté m’a frappé », il est insensé d’être frappé par la beauté de quelqu’un… Cette figure de style est une personnification, car elle rend vivante une idée qui ne l’est pas; celle-ci met l’accent sur l’effet que provoque la beauté du Français sur Nelly. Dans ce même ordre d’idées, il y a présence d’une antithèse lorsque Nelly affirme que la beauté du français se jette sur elle defaçon presque choquante. Il est assez invraisemblable d’être choqué par la beauté d’une personne. Les termes « beauté » et « choquante » sont en fait des termes opposés, car la beauté est habituellement aimée et donne une impression positive; alors qu’une chose choquante veut être ignorée et donne une impression négative. En fait, ces deux termes sont employés ensemble dans le but de faire ressortirle sentiment d’intimidation que Nelly ressent en présence du Français. Ensuite, après avoir entendu les cris de désespoir d’Annie dû à sa rupture avec le Français, Nelly réagit de façon déraisonnable et irréfléchie, typique d’une jeune fille amoureuse d’un garçon : « Je suis retournée à toi mais je ne t’ai rien dit […] j’ai joué aux dés avec une souffrance que je connaissais pourtant par cœur. »(p.199-200). Ici, la souffrance dont il est question est la souffrance causée par une rupture amoureuse. La métaphore du jeu de dés avec la souffrance se trouve à être en fait une représentation imagée de l’immaturité d’une jeune fille qui, malgré qu’elle comprend les conséquences probables d’une relation avec un garçon dangereux, va quand même se lancer aveuglément dans ce type de rapport. Ainsi,Nelly comprend la douleur que le français à causé à Annie, mais son attirance envers cet homme l’emporte sur sa raison et ceci est un signe d’immaturité. De plus, il est intéressant de faire le lien entre l’image du « jeu de dés » et le jugement enfantin de Nelly, car le mot « jeu » est en relation très étroite avec le mot « jeunesse ». D’autre part, nous ne pouvons prévoir le résultat d’un…