Feydeau

novembre 19, 2018 Non Par admin

que de l’eau de Vichy !… et encore il l’allonge !… avec du lait !
Mongicourt, indiquant le pouf en blanc renversé par terre. – Ah ! là là ! Qu’est-ce
que c’est que ce pouf ! Pas élégant !Etienne, relevant le pouf et le couvrant du tapis de table qui gît près de là. – Oh !
c’est provisoire !Madame est en train de faire une tapisserie pour. Alors, en attendant,
on met ce tapis dessus.(D’un geste circulaire, indiquant tous les meubles en
désordre.) Non,mais, regardez-moi tout ça !
Mongicourt, retirant le restant de chapeau du pied de la chaise. – Ah !… et ça !
Etienne, prenant lechapeau des mains de Mongicourt. – Oh !… Un chapeau
neuf, monsieur !
Mongicourt. – On ne le dirait pas !
Etienne, remettant la chaise sur ses pieds. – Vraiment,moi qui ai la mise-bas de
monsieur! si c’est comme ça qu’il arrange mes futures affaires !…
Tout en parlant, il est allé déposer le chapeau sur la table-bureau.
Mongicourt. – C’est pas tout ça ! Je voudrais bien voir votre maître; il me semble
que ce ne serait pas du luxe de le réveiller à cette heure-ci.
Etienne, tout en refermant le parapluie qui est grand ouvert sur la table. -Dame,
si monsieur en prend laresponsabilité !
Mongicourt, il remonte dans la direction de la baie. – Je la prends.
Etienne, remontant rejoindreMongicourt à la baie. – Soit !…Mais alors, avec des
bruits normaux.
Mongicourt, blagueur. -Qu’est-ce que vous entendez par des bruits normaux ?
Etienne. – C’est monsieur qui les appelle comme ça. C’est, par exemple, de ne
pas aller lui tirer un coup de canon dans les oreilles.
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Mongicourt,même jeu. – Je vous assure que je n’ai pas l’intention !…
Etienne. – Mais, au contraire, de le réveiller petit à petit ; par des bruits doux et
progressifs, en chantonnant, par exemple !… Nouspourrions chantonner, monsieur
?
Mongicourt, bon enfant. – Si vous voulez.
Etienne. – D’abord doucement ; et puis en augmentant.
Mongicourt, blagueur. – Il n’y a pas un air spécial ?…