Evolution de ma place en séance de psychomotricité
CPSE – PSYCHOMOTRICITE
Didactique de l’intervention psychomotrice
Cours d’E CASTRO
Compte rendu de séances de psychomotricité
A l’école maternelle Sainte Marie à Liège
Présenté par Luc Havard
Evolution de ma place en séance de psychomotricité
Ma première séance avec les enfants de maternelle m’a laissé comme une immense frustration, un sentiment trèsfort d’avoir été en grande partie « oublié » et, pour ainsi dire, inutile…
Alors que je me sens observé par mes collègues, les enfants vont et viennent autour de moi comme si je n’existais pas, comme si je n’étais qu’une « chose » un peu étrange posée là par hasard. Je sais que je dois laisser les enfants venir à moi, mais en même temps j’ai une grande envie d’aller vers eux, de solliciterleur attention.
Soucieux de respecter ce principe de base je m’efforce d’être simplement présent. Attentif à ce qui se passe dans la pièce je me laisse imprégner et j’attends… Au bout d’une quinzaine de minute de ce régime, ça devient quasi insupportable : mes camarades féminines ont déjà majoritairement établi le contact avec les enfants depuis longtemps. Moi je suis toujours là, les yeuxouverts, le regard vide et la bouche en croix. Je me sens comme un porte-avion au milieu d’une mare à grenouilles : ridicule, aussi encombrant qu’inutile ! Incapable de participer à la fête, de prendre part à cette frénésie ambiante, de lâcher mes pulsions (comme le font naturellement ces gosses) je me contente tout au plus de quelques déplacements lents, à genoux, et demeure globalement au mêmeendroit, dans le fond de la salle.
Il me revient alors à l’esprit que la qualité de présence du psychomotricien passe en grande partie par la qualité du regard, je m’efforce de croiser celui des enfants. Un garçon vient vers moi. Il a une balle en main, ou plutôt dans les bras puisqu’il s’agit d’un kin-ball. C’est un objet d’une taille déjà respectable pour un enfant de cet âge. Ilm’évoque l’image du Schtroumph farceur, celui qui se balade toujours avec des cadeaux piégés plus gros que lui. L’enfant me lance la balle et je la lui renvois aussitôt. Il me la lance une seconde fois et puis, avant que je puisse esquisser le moindre mouvement, il me la reprend sèchement, la colle contre lui, le corps en retrait, la tête à moitié tournée vers l’arrière tout en me fixant du regard : il seméfie de moi. Je lui dis : « Tu as peur que je te prenne ton ballon ? Mais tu as le droit de le garder si tu veux ». L’enfant baisse les yeux et part jouer plus loin.
La durée de mes interactions avec les petits, ce jour là, ne dépassera pas les trois secondes !!!
Le débriefing après cette séance m’a permis de relativiser ce qui s’était passé.
Tout d’abord je n’étais pas le seulà avoir ressenti la solitude, Maude nous a fait part de la même impression.
Ensuite il faut tenir compte du fait que c’était la première fois que les enfants nous voyaient et que, pour eux, il n’est pas forcément naturel de « jouer » avec un(e) adulte. A fortiori il est encore plus difficile de jouer avec un(e) inconnu(e).
En ma qualité d’homme, avec ma grosse voix et ma large carrure, jedevais forcément impressionner les enfants. Il était donc normal que les petits aillent plus spontanément vers des femmes, habitués qu’ils sont à entretenir des relations privilégiées avec leur mère comme avec leurs institutrices. Car il y a encore très peu (trop peu) d’instituteurs en maternelle. Qu’un homme soit là pour s’amuser avec eux devait leur sembler saugrenu, voir effrayant : cela necadrait pas avec leurs repères habituels. C’est probablement ce qui explique que mon cas ait été aussi flagrant : alors que Maude avait quand même eu quelques contacts éphémères avec certains enfants mon intervention personnelle avait frisé le zéro absolu !
Enfin, l’une des qualités que nous devons pouvoir acquérir en tant que psychomotricien, c’est de savoir intégrer le non-faire, accepter le…