Éthique des affaires

janvier 13, 2019 Non Par admin

Revue M@n@gement

RSE et éthique d’entreprise : la nécessité des institutions
Sandrine Rousseau Maître de Conférences en sciences économiques à l’USTL (Université Lille1) Chercheuse au Clersé (Centre Lillois d’Etudes et de Recherches Sociologiques et Economiques – UMR 8019 CNRS) Faculté des Sciences Economiques et Sociales Bât. SH2 Université des Sciences et Technologies de Lille 59655Villeneuve d’Ascq Cedex 03 20 43 45 90 [email protected]

Nicolas Postel Maître de Conférences en sciences économiques à l’USTL (Université Lille1) Chercheur au Clersé (Centre Lillois d’Etudes et de Recherches Sociologiques et Economiques – UMR 8019 CNRS) Faculté des Sciences Economiques et Sociales Bât. SH2 Université des Sciences et Technologies de Lille 59655 Villeneuve d’Ascq Cedex03 20 43 45 94 [email protected]

Résumé : L’article porte sur les liens entre éthique et RSE. Il propose une définition opérationnelle de l’éthique fondée sur le concept de rationalité communicationnelle dans une optique institutionnaliste-pragmatique (se revendiquant de l’approche conventionnaliste). Sur cette base il distingue et jauge les différentes modalités contemporainesvisant à associer éthique et efficacité au sein du capitalisme : paternalisme, fordisme, RSE. A la lumière de cet éclairage conceptuel et historique il propose d’interpréter la RSE comme une forme conventionnelle en cours d’institutionnalisation. La réussite de ce processus d’institutionnalisation, qui dépend principalement du comportement des consommateurs, est la condition sine qua non de l’existenced’une authentique dimension éthique au sein des démarches de RSE. Mots clefs : RSE, Ethique, Institution, Convention, Rationalité, Capitalisme

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RSE et éthique d’entreprise : la nécessité des institutions
Les entreprises engagées dans des démarches de responsabilité sociale et environnementale 1 font-elles de l’éthique ? C’est autour de cette question, en apparence anodine que se déploienotre contribution. Une certaine confusion règne pour ce qui est de l’analyse des rapports entre éthique et RSE. Certains auteurs nient toute consistance au phénomène RSE au-delà des effets de communication et de marketing (Lordon, 2003), d’autres analyses proposent de réserver la notion d’éthique à l’éthique des affaires typiquement anglo-saxonne et lui opposent les démarches responsableseuropéennes fondées non pas sur des principes moraux mais sur des objectifs sociaux (Capron et Quairel -Lanoizelée 2007), d’autres auteurs, enfin, font un amalgame entre éthique et RSE (la RSE désigne alors l’entreprise éthique (Salmon, 2003 ; 2007)). Ce flou conceptuel est dommageable en ce qu’il porte sur un point essentiel qui détermine assez largement le potentiel régulatoire de la RSE. Celui cidépend en effet de la capacité qu’auront les démarches socialement responsables de recombiner les exigences d’éthique et d’efficacité qui se posent à tout système économique, y compris capitaliste. Ainsi, à trop opposer RSE et éthique, on risque de vider de leur substance les processus de RSE 2 . Pour autant, une assimilation des mots « éthique d’entreprise » et RSE n’est pas non plus souhaitable : ellene permet pas de poser une claire distinction entre les mouvements du paternalisme d’avant guerre, du fordisme et de l’Etat social des Trente Glorieuses, et de la RSE qui caractérise la période contemporaine du capitalisme financiarisé. Or ce dernier est spécifique, en ce qu’il part de l’entreprise (à la différence du fordisme), mais ne saurait s’y cantonner (à la différence du paternalisme) : laRSE vise en effet à poser des jalons « légitimes » à l’activité de l’entreprise, et à la manière dont elle traite son environnement au sens large (incorporant les aspects environnementaux et sociaux). Nous cherchons donc dans cet article à souligner la spécificité du mouvement de la RSE et à comprendre à quelles conditions elle peut devenir un vecteur efficace de régulation du
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