Et, nous ?
Aurions-nous pu faire autrement? Tenir côte à côte, sans tituber? Sans nous séparer? Avons-nous renoncé trop tôt? Nous ne le saurons jamais. Il est trop tard, désormais, la route s’achève. Lavie est ainsi faite qu’on ne peut pas revenir sur ses pas, tenter sa chance une deuxième fois. »
C’est vrai. On aurait pu. Tu sais.On aurait pourtant pu s’aimer sans en crever. On aurait puessayer d’être un couple d’une niaiserie rare, il paraît que l’amour rend con, on aurait eu un excuse. Se cacher dans des petits endroits secrets pour se bécoter, parce que bien sur, pas de sexe,ou alors ne surtout pas en parler, c’est méga tabou une vraie relation d’amour. On pourrait aussi devenir une bande de vaseux pathétique à se regarder dans le blanc de l’œil pendant uneéternité, s’écrire des mots doux et se faire des sourires douteux de mièvrerie.
Oh oui, ce que ça serait beau ça aussi… Mais j’avoue que ça n’aurait aucun intérêt. Quand on aime, c’est pour mourird’amour. C’est pour se brûler les sens jusqu’au petit matin et regretter ensuite. C’est se cracher au visage et croire qu’on ne s’aime plus et se jeter l’un sur l’autre comme si le monde allaits’écrouler et qu’on voudrait pas crever ailleurs que dans nos bras. Dans nos étreintes de satin, à hurler à la pleine lune, nos maux d’amour. C’est se mentir et se dire qu’on arrête de se voir.C’est pleurer. Annoréxier sa vie de nos mensonges. Vomir l’hypocrisie de quand on se croise dans la rue. C’est se croiser et se sourire comme si de rien n’était.
Tu vois, comme ça, ça seraitle summum de l’hypocrisie, on pourrait presque dire de l’horreur, parce qu’on le ferait, par jeu, de s’arracher le cœur à pleines mains, avec une volonté terrifiante de souffrir plus quel’autre, de se mordre au cœur avec froideur comme si rien n’était vrai, ou plutôt comme si on aurait voulu que rien ne soit vrai tout en sachant qu’on ne pourra que crever si c’était un rêve. »