Erotisme

novembre 29, 2018 Non Par admin

Dissertations sur
l’Erotisme de G. Bataille

Nous ne présentons que les concepts essentiels à la thématique du mal. Vous trouverez d’ailleurs, dans deux dissertations, des exemples de l’apport de G. Bataille au traitement de la question du luxe et de la transgression.
Pour ceux qui auraient peur de rentrer directement dans l’œuvre de Bataille, nous vous recommandons l’excellente analyse deGérard Durozoi dans la collection Profil, Hatier.
La parenté entre l’érotisme et le meurtre, l’orgasme et la mort.
Dans les deux cas, les corps accueillent une forme de violence (amoureuse ou meurtrière).
Dans les deux cas aussi, il y a  » effraction « , pénétration ; dans le meurtre ou le viol, le corps est fracturé ; dans le désir, l’isolement de l’être s’effondre, il y a, selon G Bataille, unedéchirure de l’intériorité.
Dans la violence de l’étreinte, le corps obéit à une sorte de rage dans laquelle on ne reconnaît plus la personnalité ordinaire de l’individu.
Quant à l’orgasme, il est effraction, sortie hors de soi, et en tout cas, abandon d’identité. L’orgasme provoque aussi un effondrement du moi. Dans l’épuisement, le corps s’abandonne au flux des courants qui le traversent, ilrégresse au mode végétatif, c’est ce que le langage populaire appelle  » la petite mort « , Valery préfère évoquer  » la jeune Parque « .
G.Bataille s’étonne de cette dilapidation extraordinaire d’énergie dans la reproduction sexuelle. Elle fait signe vers tous les excès de violence vitale. Mais, quand l’homme en prend conscience, il est fasciné autant qu’il a peur.
Ni monde humain, ni culturesans interdit
Le monde humain, celui de la culture et du travail, s’est construit en rupture avec la dilapidation d’énergie dont la vie naturelle fait preuve dans la sexualité comme dans la violence.
G Bataille souligne que, dans la sexualité, apparaît un gaspillage de ressources qui va bien au-delà de ce qui suffirait à la croissance de l’espèce. Dans l’orgasme cette dépense est la plus grande quel’individu est capable de supporter dans l’instant. D’ailleurs l’ensemble des phénomènes biologiques et chimiques montre que la tendance générale de la vie est la prodigalité luxurieuse. Le soleil, qui dépense son énergie sans rien recevoir, est une image saisissante de cette prodigalité naturelle.
Sexualité et mort violente sont les moments d’une fête que la vie célèbre avec la multitude desêtres.
Un autre ordre apparaît lorsque l’homme fut capable de suspendre sa jouissance en lui opposant des interdits (interdit sur l’inceste, interdit alimentaire, sépulture pour les morts –c’est à dire rejet de la mort comme tabou-(voir ci-après la dissertation la transgression et le mal) puis interdit du meurtre des membres du clan.). Par ces interdits, l’homme rendit possible le monde laborieuxqui s’oppose à la vie naturelle comme la production s’oppose à la destruction et l’économie à la dépense.
Tout se passe  » comme si l’homme avait en une fois saisi ce qu’a d’impossible la nature (…) exigeant des êtres qu’elle suscite de participer à cette rage de détruire qui l’anime et que rien n’assouvira… La possibilité humaine dépendit du moment où, se prenant d’un vertige insurmontable un êtres’efforça de répondre non « (Erotisme coll 10/18, p68,69)
L’interdit préserve du sacré et en donne la clé
L’interdit ouvre la possibilité d’un monde protégé et réglé, le monde profane, mais il désigne en creux l’accès à ce qu’il défend (et, par là même, pose comme sacré) :  » Sacer  » signifie d’ailleurs ce qui est à respecter et en même temps ce qui est à fuir (comme dangereux).
Mais sil’interdit était toujours et absolument respecté, la vie perdrait toute dimension d’excès et ne connaîtrait plus que des manifestations restreintes et étriquées. Si l’homme n’était plus capable que de consommation prudente et de production raisonnable, il aurait totalement rompu avec le terreau originaire de sa vie animale. La violence et le comportement improductif sont des tentations naturelles et…