Doris lessing

décembre 23, 2018 Non Par admin

Doris May Tayler est née en Perse (l’Iran actuel) en 1919. Son père, employé de banque, est grièvement blessé lors de la Première Guerre mondiale et se voit amputé d’un membre. Sa mère, infirmière, y a perdu l’homme qu’elle aimait[réf. nécessaire].

Elle n’a que 6 ans lorsque sa famille s’installe, en 1925, en Rhodésie du Sud (alors colonie britannique) dans l’espoir de faire fortune grâce à laculture du maïs, du tabac et des céréales.

Pensionnaire d’un institut catholique tenu par des religieuses qu’elle supporte mal, elle est en opposition constante avec sa mère. Elle quitte définitivement l’école à 15 ans, travaillant en tant que jeune fille au pair puis plus tard, à 18 ans, comme standardiste à Salisbury (l’ancienne capitale de la Rhodésie du Sud). Revenue un temps à la fermeparentale, elle se passionne pour la littérature et se plonge dans la lecture de plusieurs grands classiques du XIXe siècle.

En 1938, elle commence à écrire des romans[2] tout en exerçant plusieurs emplois pour gagner sa vie. Elle rédige également en parallèle de courts récits et des nouvelles, arrivant à en vendre deux à des magazines sud-africains.

À 19 ans, l’année suivante, elle se marieavec un fonctionnaire : Frank Wisdom, avec lequel elle aura deux enfants, John et Jean. Elle le quitte en 1943 après avoir rencontré un citoyen allemand, communiste et juif exilé : Gottfried Lessing, qu’elle épouse en secondes noces en 1945. En 1947, le couple donne naissance à un fils, Peter.

De nouveau divorcée, elle part pour Londres en 1949 avec son jeune fils et le manuscrit de Vaincue parla brousse (The Grass is singing) dans ses bagages, accepté par le premier éditeur auquel elle s’adresse. Le succès du livre, publié en 1950, lui permet de renoncer à un emploi de secrétaire trouvé pour subvenir à ses besoins[2]. En 1951, elle fait paraître un recueil de nouvelles tirées de son expérience africaine : Nouvelles africaines (This was the Old Chief’s Country) suivie par cinq ouvragesd’inspiration autobiographique, publiés entre 1952 et 1969 et regroupés sous le titre Les Enfants de la violence (The Children of Violence). Ce vaste cycle romanesque, conçu comme un immense « Bildungsroman », narre le parcours et la quête d’identité du double littéraire de l’auteur, Martha Quest, qui de l’Afrique à l’Angleterre observe l’effondrement du système colonial et ses ravages sur lesrelations entre les Noirs et les Blancs. Ces récits traitent également de la situation de la femme et de la condition de l’artiste au XXe siècle[3].

Comme beaucoup d’intellectuels, d’artistes et d’écrivains britanniques de sa génération, Lessing a été politiquement engagée et active à gauche. En 1952, elle adhère au Parti communiste qu’elle quitte quatre ans plus tard suite à l’intervention deschars soviétiques à Budapest et après le XXe congrès[2]. Ses désillusions politiques se lisent dans Retreat to innocence (1956) et surtout dans Le Carnet d’or (The Golden Notebook, 1962), reconnu aujourd’hui comme son chef d’œuvre. Elle y revient sur les différentes phases de son espoir révolutionnaire déçu. Par l’évocation qu’il fait de la condition de la femme, de sa psychologie, de sesengagements, de ses états affectifs et de ses élans intimes, Le Carnet d’or fait également de l’écrivain une icône du féminisme mondial comparable à Simone de Beauvoir sans qu’elle ne « l’ait jamais voulu »[4]. Cette œuvre se compose d’un « court roman conventionnel »[3] et de quatre carnets de notes et de réflexions sur certains thèmes assimilés chacun à une couleur différente : noir pour les souvenirs,rouge pour la politique, jaune pour la fiction et bleu pour l’introspection[5]. Assemblés, ils finissent par former le « carnet d’or » du titre. À la croisée des genres, l’ouvrage se dote d’une structure narrative originale, mêlant l’héritage réaliste des grands romans du XIXe siècle à des techniques littéraires post-modernes (récit éclaté, composition stylistique sophistiquée, collage de…