Dissertation « la figure de rosine dans le barbier de sévilles » (de beaumarchais)
LA FIGURE DE ROSINE DANS LE BARBIER DE SEVILLES (BEAUMARCHAIS)
Selon Beaumarchais, « Nous ne sommes pas ici en France où l’on donne toujours raison aux femmes ; mais, pour vous en ôter la fantaisie, je vais fermer la porte ». Dans le Barbier de Séville de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, le personnage de Rosine illustre parfaitement ce concept. Dans cette œuvre, elle incarne lapupille orpheline de Bartholo, médecin noble qui l’a recueillie. Le Comte Almaviva, grand d’Espagne, séduit par « l’oiseau rare » qu’est Rosine, va se disputer avec Bartholo l’amour de la jeune femme. Cependant, Rosine n’apparaît pas seulement comme ignorante et étouffée par l’autorité abusive de son tuteur. Rosine au fur et à mesure de la pièce se forge un caractère plus libertain, tendant à larévolte, mettant au défi la possession et la jalousie de Bartholo. En effet, convoitée à différents degrés tout au long de la pièce, elle joue le rôle d’une femme admirée, caractère renforcé par le fait qu’elle représente l’unique personnage principal féminin de la pièce. Dans quelles mesures le personnage de Rosine évolue-t-il au long de la pièce, représentant un visage phare du XVIIIe siècle ?Il conviendra de se pencher sur sa personnalité naïve, cependant placée au centre de l’œuvre, sur son caractère manipulé et manipulateur, et enfin sur la figure emblématique qu’elle représente durant son siècle.
Sous l’emprise de son tuteur Bartholo, Rosine, malgré sa naïveté et son ignorance, suscite chez les différents personnages masculins de la pièce, une admiration plus ou moinsmarquée.
« Le désir le plus vulgaire se produit toujours comme l’élan d’une admiration consciencieuse » disait Balzac ; ainsi Rosine, admirée à différentes échelles par Bartholo, le Comte Almaviva, ou même Figaro, nous est présentée comme une femme rare et convoitée. Dès la présentation des personnages, Rosine est placée sur un piédestal, puisqu’elle représente (avec Marceline, jouant un rôlesecondaire), l’unique part féminine de la pièce. De ce fait, avant même sa première réplique, le spectateur discerne déjà cette femme, qui par la suite fera l’enjeu de toutes les convoitises. Dès l’acte I, le Comte exprime clairement son amour pour Rosine, et se montre impatient et fougueux. En utilisant le possessif « ma » à la scène 4, il manifeste son enthousiasme, et paraît déjà certain de fairebonne fortune. Connaissant le pouvoir de Bartholo sur Rosine, et ses attentions, on peut dorénavant situer la pupille au centre des deux hommes, se disputant l’un et l’autre son cœur. Ce but, cette passion commune exprimée par le Comte et Bartholo n’est pas sans incidence sur l’image de Rosine, qui prend la tournure d’une perle rare, désirée et convoitée. En outre ces deus prétendants, même Figaroextériorise une certaine admiraton pour cette femme, qu’il qualifie d’«oiseau rare ». Cette hypothèse peut sembler bien moins plausible, du fait de l’écart social séparant ces deux personnages, mais ne peut cependant être négligée. On peut notamment le remarquer au début de l’acte II, lorsque Figaro et Rosine sont seuls. Par conséquent, on peut dire que Rosine fait l’objet à elle seule d’uneadmiration, plus ou moins manifestée par les différents personnages, la plaçant au centre même de la pièce.
Cette convoitise est accompagnée d’une certaine naïveté de la part de Rosine ; en effet, retenue enfermée par la crainte et la jalousie de son tuteur, elle apparaît comme une parfaite ignorante, et nous fait part d’une naïveté la rendant vulnérable. « La plus jolie petite mignonette » (selonFigaro), se rapproche d’une jeune première ingénue. Dupant son tuteur maladroitement, elle semble jouer de ses charmes dans une parfaite ignorance. On pourrait la comparer à une rose sous une cloche en verre ; la pureté même, coupée du monde extérieur, et admirée de tous. Cette vision florale et printanière est accompagnée par le chant, et n’est pas sans rappeler le radical de son prénom : Rose-….