Dissert
out d’abord, on peut constater que l’histoire de Bérénice est bien dévorée d’un mal éternel. En effet, cette œuvre raconte avant tout l’histoire d’unamour impossible entre Titus et Bérénice. Deux êtres qui ont l’un pour l’autre une passion sans fin, voient leur amour sacrifié par les règles romainesqui n’admettent pas de rois et d’étrangers au règne. Bérénice étant reine de Palestine, Titus doit s’en séparer ou renoncer au pouvoir et à la gloire. Lemal éternel, c’est à dire le malheur et la douleur incessante des personnages, est bien réel, puisque Racine choisit de séparer éternellement lesamoureux en empêchant ainsi leur bonheur de renaître un jour. Bérénice ne se termine pas par la mort contrairement à Phèdre, ou du moins par la mortphysique. Car Titus et Bérénice ne se donnent pas la mort, la force de leur passion vivra toujours sans jamais être satisfaite et c’est à cet instant que lanotion de « mal éternel » se fait ressentir. Le mal qui commence alors avec cette décision de Titus, ne pourra jamais se transformer en bien.
Bérénice estune œuvre complexe, parfois considérée comme une tragédie à part entière, alors que d’autres fois ce statut lui est refusé. Racine, lui, avoue quecette pièce se détache de toutes les autres par son originalité, puisque la fin est différente d’une tragédie conventionnelle.
Anne Ubersfeld voit dansBérénice deux aspects opposés : «le pessimisme social, la peinture du mal éternel, et la faim de la justice, l’aspiration nostalgique au bonheur humain».