Des cannibales
ROULIN Antoine, DEBIEVE Bastien, 1°07 S Euro
Plan du commentaire, extrait n°3, paragraphe 47 à la fin du chapitre « Des cannibales » de Montaigne.
Introduction L’humanisme est un courant, qui remet l’homme au coeur des réflexions philosophiques, et qui est basé sur la raison ; les Essais, d’où est tiré cet extrait, illustrent ce courant du XVIe siècle. Montaigne se rend ici à Rouen pourrencontrer 3 chefs cannibales fraîchement débarqués en France, louable attitude propre aux humanistes dont l’absence de préjugés encourage tous les dialogues. Après avoir étudié la méthode utilisée par Montaigne pour bâtir son opinion, nous verrons le portrait qu’il dresse des cannibales, et enfin ce que cela lui permet de dire. I/ Montaigne adopte dans cet extrait une démarche presque scientifique. a.Montaigne commence tout d’abord à s’interroger Il s’interroge en effet sur le bien fondé de la civilisation européenne au début du texte. • Il évoque le prestige de la France : (l.3) « nouvelleté »(pays moderne); (l.4) Rouen (symbole économique français de la Renaissance) ; (l.4) Charles neuvième (personnage important) ; le Roi (symbole du pouvoir qui est accentué par l’allégorie : majuscule) ;(l.5) « on leur fit voir notre façon » (notre culture) ; (l.5) « notre pompe » (notre prestige) ; (l.5) « d’une belle ville » (éblouissement), on a donc ici une énumération. • Cela dit, dans les premières phrases, Montaigne affirme une opinion (la France n’est pas si prestigieuse), il insiste sur cette idée dans la première phrase enrichie d’une allitération en « -r », (lire le teste) et égalementpar la longueur de la phrase, construite de 7 propositions ; Insistance. De plus, par le choix de son vocabulaire, il oppose le prestige européen et ses faiblesses : champs lexical de la modernité : (l.1) « connaissance », (l.2) « commerce, avancée », (l.3) « nouvelleté », contraire au champs lexicale de la misère : (l.1) « ignorant », (l.2) « corruptions, ruine », (l.3) « misérables,piper ». Iloppose une idée de prestige Européen à une réalité pas si vertueuse. b. Pour répondre à son interrogation, Montaigne utilise une démarche scientifique, repérable dans son texte. Nous distinguons plusieurs étapes dans son raisonnement : • Montaigne commence par annoncer ce qu’il sait des Indiens en début de paragraphe, tel un scientifique : trois cannibales tentés de découvrir l’Europe sontaccueillis par le roi de Rouen. • Il observe les Indiens comme il le ferait dans une expérience : Montaigne avait tous les évènements en « mémoire » (l.7), se qui prouve son attention. • Pour finir, il les écoute, il les interroge par l’intermédiaire d’un interprète : (l.15) « Je parlais à l’un d’eux fort longtemps » afin de vérifier son raisonnement. c. Une démonstration rigoureuse sur le fait que lesEuropéens ne sont pas si bien que ce qu’ils prétendent. On le voit dans son utilisation habile de la langue : termes forts (l.4) « le roi » de plus une allitération (l.15) en « -s », et rythmes marqués par de nombreuses virgules et points virgules. On le voit également par des connecteurs logiques : (l.7) « mais », (l.8) « en premier lieu », (l.10) « secondement », (l.20) « si », (l.26) « d’où », denombreux « et ». Egalement par les verbes correspondants : (l.19) « montrer, signifier ». Marquer de plus par une conclusion sous forme de litote (l.23) au présent de vérité générale.
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II/ Une évocation élogieuse des cannibales. a. Ils sont dotés de raison. Ces hommes sont dépaysés et manquent de repères, de plus on cherche à les épater, mais cependant ceux-ci ne perdent pas le senscritique : (l.7-14) ils dénoncent les deux failles d’une société soi-disant « modèle » avec toute lucidité : – des soldats dirigés par un enfant (paradoxe) – injustice sociale. Ce sont de bons observateurs : (l.11) « aperçu », des hommes mendiants à leurs portes, décharnés de faim et de pauvreté. Des hommes qui retranscrivent clairement ce qu’ils pensent (l.17-22) : « il parle, fait des gestes…