Dépérissement de l’expression architecturale urbaine

décembre 22, 2018 Non Par admin

G. Bachelard dans La poétique de l’espace disait que « La maison est un corps d’images qui donnent à l’homme des raisons ou des illusions de stabilité ». Pour aborder le thème de notre recherche, à la place de la maison nous mettrons architecture. L’architecture est dans ce cas dépositaire des valeurs, de la vision du monde et donc de l’identité des individus et des groupes. Se rapportant à laville, l’architecture est la matérialisation des pratiques sociales, économiques et culturelles, présentes dans la ville. Nonobstant, l’architecture est un art capable de communiquer certaines représentations. Ce modeste travail de recherche l’intitulé, « Dépérissement de l’expression architecturale urbaine. Progrès ou acculturation? » met l’accent sur certains concepts de la sociologie urbaine,l’anthropologie socio-culturelle, la sociologie architecturale et la géographie humaine, à juste titre pour répondre à la problématique générale : dans quelle mesure l’urbanisation, canal conducteur de la mondialisation, conduit-t-elle à la perte de l’identité culturelle malgache. Effectivement, l’idée principale émanant de cette étude est de relater la forte mutation urbaine, l’urbanisationprogressive voire le changement social engendrée par l’avènement sans précédent de la mondialisation. Rappelons que l’urbanisation est un phénomène de développement de l’habitat humain autour des villes existantes. Cependant, faire une sociologie urbaine et architecturale de la ville d’Antananarivo, c’est faire une étude socio-anthropologique complexe de la ville tout en essayant d’établir une relationdialectique entre l’architecture et la ville.
Du point de vue urbanistique, la construction de bâti anime-t-elle l’espace urbain ? L’urbanisation doit-elle aller à la perte de l’identité culturelle se traduisant par l’occultation de certaines pratiques et rites dans la construction de bâti ? Cette urbanisation est-elle non seulement un héritage colonial mais également le fruit d’une migration internede la population vers le centre ? Dans cette perspective, nous avons retenu l’hypothèse suivante, la dégénérescence de l’expression architecturale urbaine est le produit à la fois d’une acculturation sans modération de cultures étrangères mais également d’une réceptivité sensitive de la modernité.
Afin d’appréhender et de répondre à la problématique proposée, nous avons adopté 3 approches, lestructuralisme, le fonctionnalisme et la communication appliquée au diffusionnisme. D’un côté le structuralisme nous a permis de faire une approche synchronique et diachronique du système ville-architecture. D’un autre côté l’adoption d’une approche fonctionnaliste nous a permis de réaliser une étude de la ville comme un ensemble d’éléments fonctionnant en vue de se maintenir entre eux. Dans ce cas,nous avons pris l’idée essentielle comme quoi l’incrustation étrangère est un changement profond de ce système ville-architecture. Quant à l’approche par la théorie de la communication appliquée au diffusionnisme, nous avons parti du modèle télégraphique pour aboutir à un modèle circulaire afin de mettre l’accent les échanges culturels de Madagascar avec les autres pays.
En ce qui concernel’enquête entreprise, c’est l’entretien individuel semi-directif voire libre qui a été l’outil principal employé pour tenter de cerner l’évolution architecturale urbaine tananarivienne. Les entretiens libres ont été, certes, effectués auprès des « experts » (architecte, urbaniste, ingénieur en BTP, historiens) mais également des responsables municipaux et autres acteurs de la ville. Il faut remarquer quela majorité des entretiens individuels a été effectué auprès des individus propriétaires d’une maison. L’approche a donc toujours été délibérément qualitative. Dans le travail d’enquêtes était plus visée la recherche de détails significatifs que d’éléments représentatifs. Aussi le nombre des enquêtés a-t-il été limité : 25 enquêtés dans chaque quartier choisi auxquelles s’ajoutent une…